Description

Blogue de Hélène Arsenault


mardi 30 avril 2013

L’Orphéon - Crématorium circus de Roxanne Bouchard


L’Orphéon (VLB éditeur), c’est un immeuble à bureau de Montréal dont les cinq étages sont utilisés à la mise en scène de romans de genres différents écrits par autant d’auteurs. Des personnages se croisent entre les narrations, ce qui ajoute du piquant et des clins d’œil humoristiques pour qui a lu la série, comme moi. J’en rapporte d’ailleurs mes impressions au sein du journal Sans papier de la Teluq (disponible ici). Mais je voulais vous entretenir plus amplement de mon préféré du lot, soit Crématorium circus de Roxanne Bouchard.

Au quatrième étage on découvre, « Crématorium Circus » un roman burlesque efficace. Salon funéraire atypique (une litote, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs), le Phénix crématorium propose des crémations luxueuses aux gens de culture et qui souhaitent laisser un souvenir mémorable de leur passage. Le propriétaire, espérant prouver à son épouse envahissante qu’il peut décrocher seul un contrat, entreprend de convaincre le directeur du cirque Flagada Circus de tenir une grande cérémonie funéraire au Phénix. C’est que le cracheur de feu, trépassé à la suite d'un accident impliquant l’homme canon, ainsi que trois autres artistes du cirque dont la mort imminente pourrait venir bonifier cet événement grandiose, y passeraient à la postérité. Du moins on semble l'espérer. Les personnages caricaturés et les situations loufoques s’enchaînent en une joyeuse farandole autour de la mort. L’idée m’a tout de suite attirée.

En fait, il n’y a que la toute fin qui m’a laissée sur ma faim, mais je me déclare tout de même une consommatrice satisfaite. Je ne peux résister à vous présenter un délicieux extrait des publicités du Phénix (de belles trouvailles tout au long du roman):

« Au Phénix crématorium (ISO 9004), nous nous consacrons exclusivement à la crémation. Entièrement récupérée, la chaleur provenant de l’incinérateur alimente deux bains scandinaves situés dans le salon VIP. Cette innovation écologique dans le domaine du deuil permet non seulement à vos invités de s’offrir un moment de détente et de réconfort en bonne compagnie, mais vous garde énergétiquement vivant dans le karma universel.»

Ou encore :
« Forfait 3 : « La Glorification éternelle ». Luxueuse soirée dans un décor refait à votre image- Éclairage d’ambiance - Menu spécial des Buffets Italiens - Musique adaptée par l’excitant DJ Lampion - Service de bar complet et exotique - Accès limité à nos spas VIP* - Équipe professionnelle d’accompagnatrices de deuil* - Crémation haut de gamme - Pour ceux qui valent vraiment cher à vos yeux ou pour vous qui méritez ce qu’il y a de mieux : n’hésitez pas et offrez(-vous) La Glorification éternelle en cadeau! *Réservés aux 18 ans et plus. »

Ici, "accompagnatrices de deuil" réfère aux escortes du deuxième étage de Bleu communication à l’Orphéon. Pourquoi ne pas fêter la mort en grand? J’en commande un sans faute.

Roxanne Bouchard est aussi l’auteure de Whisky et paraboles un premier roman qui lui a valu le prix Robert-Cliche 2005 et le Grand Prix de la Relève littéraire Archambault 2007. En 2007 elle a reçu le Prix Desjardins de la Relève culturelle de Lanaudière pour sa Novella La Gifle. Récemment, vous avez sûrement entendu parler d’elle (à TLMEP entre autres) pour la publication conjointe de sa correspondance avec un soldat canadien, Patrick Kègle, en mission en Afghanistan, concernant ses vues antimilitaristes: En terrain miné, que j’ai ajouté à ma pile à lire. Une auteure à découvrir donc que je vous recommande chaudement.

Bonne lecture!

jeudi 25 avril 2013

Écriture, mémoires d’un métier de Stephen King


Voilà ma lecture en cours, je ne l’ai pas encore terminée, mais je ne pouvais résister à l’envie de vous en parler à chaud, de peur que les idées me fuient durant la nuit!

Disons d’emblée que je n'incarne pas la grande fan de Stephen King. Je le lis pour la première fois, à mon souvenir. Probablement parce que j’ai déjà vu des films d’horreur dans mon adolescence basés sur ses romans, et que je n’avais pas envie des cauchemars qui les accompagnent. L’horreur, ça n’a jamais été mon truc. Mais j’avais beaucoup entendu parler de ce livre sur son expérience personnelle en écriture, et ça m'a convaincue de m’y mettre.

Lorsque j’ai effectué une recherche informatique à la bibliothèque, j’ai réalisé que certaines bibliothèques dans le réseau plaçaient cet ouvrage dans les « 800 » pour les œuvres sur la littérature, mais à ma bibliothèque il était classé dans les « 900 » avec les biographies. Mais branchez-vous, que diable! Bien sûr ça n’a rien de sorcier, il s'agit un peu des deux, sa biographie en première partie, suivie d’un essai sur l’art d’écrire.

La biographie de l’homme s'avère divertissante parce qu’il sait se concentrer sur les moments clés de sa vie qui ont contribué a ce qu'il devienne un écrivain. J’ai été subjuguée pendant les premières cent et quelques pages où l’auteur décrit d’une anecdote à l’autre son enfance difficile, ses petits boulots, sa rencontre avec sa femme qui a toujours cru en lui et en son talent d’écrivain. Tout cela m’a comblée, car c’est bien raconté avec beaucoup d’autodérision. Puis est venu le temps où il a décroché un premier contrat de vente pour Carrie,  et de là tout a déboulé. Par la suite, une compagnie de formats de poche achète son livre pour 400 000$, dont il recevra 50%.  Un contrat de poche, et c’est dans la poche, pour faire un jeu de mots poche. Et comment ça fonctionne au juste, ces contrats? Bref, cela représente beaucoup d’argent en peu de temps, époustouflant. Et voilà que l’écrivain était né, il pouvait enfin laisser son travail d’enseignant et réaliser certains rêves. Juste comme ça, pour ainsi dire. Ça me semble un peu facile. Oui, il a ensuite sombré dans l’alcool et les drogues, que devrais-je en penser? Pauvre petit garçon riche et célèbre? Il reste qu’il a connu le succès quasi instantané, et que c’est rare, surtout de nos jours. Certes il a sans doute du talent à revendre (je vous rappelle que je n’ai rien lu d’autre de lui), mais il y a un facteur chance là-dessous. Suis-je désabusée de penser que ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui? Corrigez-moi si je me trompe. Ce que l’auteur ne dit pas toutefois, c’est s’il représentait l’exception à la règle, une étrangeté de la nature, un monstre pour avoir percé ainsi, ou si ça arrivait assez fréquemment pour qui possède du talent et une bonne histoire à présenter au bon moment.

La conclusion de cette première partie porte sur cette réflexion inspirante. Il avait toujours rêvé de se procurer l’un de ces gros bureaux massifs qui trônent au centre de la pièce. Il l’a obtenu, et y a passé des heures horribles (ivre ou à l’état d’épave, comme il l'affirme lui-même). Après être redevenu sobre, il s’en est débarrassé pour un plus modeste, qu’il a posé dans un coin de son espace de travail transformé en petit salon convivial. Voici son conseil :

« Mettez votre bureau dans un coin et, chaque fois que vous vous y installerez pour travailler, rappelez-vous pour quelle raison il n’est pas au milieu de la pièce. La vie n’est pas un système logistique destiné à soutenir l’art. C’est le contraire. »

Grâce à cette illustration concrète, je garderai toujours ceci à l'esprit, si j’obtiens un jour ma pièce à moi pour écrire. Sait-on jamais?

Commence ensuite l’enseignement. Je ne suis pas très avancée dans cette section, mais j’avoue que tout ce qu’il y raconte me touche directement. Je retiens en particulier deux choses : l’une, il faut lire beaucoup pour apprendre le métier – il mentionne lire 70-80 romans par an, et se dit un lecteur plutôt lent. Là je me questionne. Et moi? Je lis davantage depuis que j’écris des critiques, mais pas 70. Pas même 50. Avec mes critiques seules, je dépasse la trentaine, et ça seulement depuis septembre passé. Si les dates m'échappent, je monte facilement au-dessus de 40, mais de là à dépasser 50, je ne crois pas. Mais je bouquine de plus en plus puisque c’est redevenu une priorité dans ma vie. Vous, avez-vous une idée de combien de romans par an (j’exclus volontairement les nouvelles)? 

La deuxième chose qui a attiré mon attention, c’est qu’il affirme que l’on apprend plus encore de la mauvaise prose que de la bonne. Les livres médiocres, les gros problèmes de style, ça tombe tellement sur les nerfs qu’on se remémorera le défaut durant toutes nos sessions d'écriture, pour les éviter.

Je pense à un exemple récent. J’ai lu un roman, assez volumineux, dont l’intrigue cheminait tout de même de façon intéressante et soutenue, mais dont le style de l’auteur m’a horripilée. J’ai donc décidé de ne pas le critiquer, ce serait trop horrible. Puisqu’il s’agissait de la première publication de l’auteur, j’ai voulu donner la chance au coureur en tentant le coup à nouveau avec un deuxième tome. J’étais convaincue qu’avec un changement d’éditeur, avec l’expérience et une nouvelle direction littéraire, les tics et erreurs de style qui m’avaient fait grincer des dents la première fois appartiendraient au passé. Mais non. Dès les premières pages, j’ai retrouvé les mêmes points faibles, les mêmes formes adverbiales inutiles et lourdes utilisées à outrance, les mêmes débuts de phrases en participe présent. C’est l’abondance de ces points qui m’a contrainte à refermer le livre et à le retourner à la bibliothèque illico. Et non je ne vous dévoilerai pas de qui il s’agit, mais ce n’est pas toi, ni toi…

Bref, tout ceci pour dire que s’il m’apparaît souvent tranchant dans ses propos, je me range du côté de Stephen King lorsqu’il affirme qu’il faut lire de la bonne littérature pour s’en inspirer et s’améliorer, mais que la mauvaise aussi à ses utilités à ne pas négliger. 

Après avoir lu ce roman horrible, je me suis dit que je pouvais peut-être arriver à faire mieux, et ça m’a encouragée à continuer. Voilà, je retourne de ce pas terminer ma lecture, on s’en reparlera. 

mardi 16 avril 2013

Atelier d'écriture Danielle Marcotte, 2/2

Deuxième journée d'atelier lundi en après-midi, et comme je l'ai mentionné plus tôt, ce ne pouvait qu'être du crémage sur le gâteau. J'ai pourtant été un tantinet déçue. Après une première semaine enlevante, où j'ai trouvé des outils qui m'aideraient à rendre mon travail plus cohérent, avoir une meilleure vue d'ensemble, sans m'en rendre compte ça a créé certaines attentes chez moi. J'ai bien sûr reçu d'autres outils de travail, d'autre conseils, mais ceux-ci moins élaborés. Nous avons aussi manqué de temps, et ça n'a rien à voir avec la bonne volonté de l'animatrice, mais plutôt à l'organisation de la bibliothèque.

Bref, j'ai reçu entre autre une fiche de travail pour bâtir des scènes, et je devrai me laisser le temps de l'explorer davantage avant de me prononcer mais à priori, celles que j'utilisais auparavant étaient plus complètes. Idem pour quelques autres outils, mais le tout ensemble forme selon moi une base solide sur laquelle démarrer un nouveau projet sans heurts. Pour qui s'est présenté à l'atelier sans trop d'expérience ni d'outils existant, c'est génial. Mais moi qui ai passé beaucoup de temps à lire sur le sujet, à chercher ma méthode, celle qui fonctionnerait pour moi, je dois en  prendre et en laisser. Je m'approprierai donc certaines de ces méthodes, tandis que d'autres me seront moins utiles, et c'est bien normal.

Malgré tout, j'ai appris beaucoup de nouvelles choses, j'ai été poussée hors de ma zone de confort, je me suis remise en question, parfois, me demandant si je suivais trop les règles, ou si je comprenais tout de travers. Tout cela est très sain, à mon avis, car qui sait se questionner apprendra quelque chose.

Le plus beau dans tout cela, c'est que j'en suis à un point dans le développement de l'art d'écrire où j'ai assez expérimenté pour reconnaître lorsque quelque chose fonctionne, pour m'extasier devant une bonne idée. Il y a encore quelques années, j'aurais assisté à cet atelier en tentant d'absorber un maximum d'information pour ensuite me retrouver chez moi les bras ballants, me grattant le coco à me demander "qu'est-ce que ça veut dire, déjà?". Il faut écrire pour comprendre les allusions, faire quelques erreurs avant de saisir ce qu'il ne faut pas faire, et ce qui ne fonctionne pas. Alors pour moi, cette petite formation tombait à point nommée.

Je reprend mon projet en cours avec une regain d'énergie, de nouvelles idées et surtout ,des pistes de solution à explorer très intéressantes, auxquelles je n'aurais pas songé toute seule. Pour cela je dois dire, merci Madame Marcotte!

vendredi 12 avril 2013

Atelier d’écriture de Danielle Marcotte 1/2

J’ai eu la chance dernièrement de tomber sur une affiche à la bibliothèque, annonçant un atelier d’écriture gratuit donné localement. L’auteure jeunesse Danielle Marcotte, ayant reçu une bourse de résidence à la bibliothèque Raymond-Lévesque de la ville de Longueuil, offrait ce cours dans le cadre de sa bourse justement. Pour moi,il s'agissait d'une opportunité à saisir.

Ma dernière expérience ne s'était pas révélée concluante (voir ici), je me suis renseignée sur le contenu qui m’a fort satisfaite. Le plan proposé : Expérimentation d’une approche dynamique pour convoquer l’inspiration, créer des personnages, développer l’intrigue et présenter son travail d’une manière adéquate, le tout présenté en deux rencontres de trois heures chacune. Rien à voir donc avec le dernier atelier suivi qui en gros ne m’a rien apporté de concret.

Déjà après une première rencontre, je m’avoue satisfaite. La suite ne peut qu’ajouter le crémage au gâteau! Devant un groupe disparate, mais avide d’apprendre, madame Marcotte nous a lancé plusieurs pistes de démarrage pour convoquer l’inspiration devant la page blanche ou avant d'entreprendre toute session de rédaction. Elle nous a ensuite exposé une méthode dérivée de celle, récemment apprise, de Martin Mercier, un formateur en création scénique qui donne aussi des ateliers d’écriture narrative (voir sa page : http://www.creationscenique.org/mmercier.CV.pdf pour les formations et du coaching privé).

Madame Marcotte, même si elle admet ne pas avoir testé toutes les limites de cette méthodologie qu’elle adapte à ses besoins, possède sans doute l’expérience d’écriture nécessaire pour reconnaître ce qui fonctionne ou pas. Pour moi du moins, cette façon de faire se révèle déjà efficace et utile. Ça me parle.  

Bien entendu, dans le domaine il y a autant de techniques que d’écrivains. Pour les débutants en particulier, je recommanderais tout de même de démarrer avec une méthode de travail éprouvée pour éviter les écueils et les errances qui mèneront nos premiers écrits directement à la poubelle, ou à d’innombrables heures de réécriture sans fin.

Le beau de la chose, c’est qu’ayant un projet en cours, mais sans être trop avancée dans mon projet (moins de la moitié je dirais), il m’était facile à la fin de cette première journée de retourner chez moi, outils en main, et de revenir sur ma structure générale, mes objectifs, revoir les points importants sous un jour nouveau et déjà entamer quelques modifications qui, je l’espère, feront toute la différence. J’avais quand même passé beaucoup de temps en préparation de ce manuscrit, j’avais lu tous les conseils que j'avais pu glaner ci et là, trié ce qui me convenait ou pas, défini la prémisse de l’histoire, peaufiné mon plan, développé les scènes une à une. Mais là, je trouve autre chose à me mettre sous la dent. Des considérations auxquelles je n’avais pas pensé et qui m’interpellent.

À peine de retour à la maison, je me suis affairée à analyser mon plan sous ce nouvel angle, et j’y ai apporté des modifications qui sauront m’aider à mieux y voir, à ne pas m’égarer en chemin, et surtout à rendre toute l’écriture plus cohérente. J’ai appris comment garder une vue d’ensemble sur l’idée générale du manuscrit, tisser des liens où je n’en avais pas imaginé, et donc travailler mieux et plus efficacement. Comme la méthode apprise appartient dans l’ensemble à deux auteurs, je ne la détaillerai pas, mais sachez que monsieur Mercier donne cette formation et travaille à publier sa technique que j’entends bien mettre en pratique à partir de maintenant, en intégrant ses feuilles de travail dans Scrivener par exemple.  

 J’ai bien hâte d’avoir la suite de l’atelier, je vous en redonnerai des nouvelles!