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Blogue de Hélène Arsenault


lundi 28 avril 2014

"Writing Fantasy and Science Fiction"

Depuis quelques mois, je traîne de la patte. J’ai déjà parlé de mes difficultés à réviser le début de mon roman en cours ici, ce qui a miné mon moral et mon envie d’écrire. Pis v’l’à tu-pas qu’on s’abonne à Netflix! Mautadine de Netflix, c’est ta faute si j’écris pus!

Bon, je me reprends. Dernièrement, à la fin d'une nouvelle série sur Netflix, je me suis sérieusement enguirlandé moi-même en me promettant de ne plus y remettre le nez avant que j’aie achevé mon manuscrit. Et pas d’excuse! Ça a été long, j’ai dû me ligoter à mon fauteuil pour taper jusqu’à ce que je retrouve un semblant de solution à mes problèmes d’inspiration. Puis tout bonnement, ou plutôt à l’affût d’une distraction valable qui me soustrairait à cette tâche pénible, mes yeux se sont posés sur un livre, sur ma table de chevet depuis des mois. « Euréka! Une échappatoire! » me suis-je exclamée.

Il s’agit en fait d’un ouvrage de Orson Scott Card, Philip Athans et Jay Lake intitulé « Writing Fantasy and Science Fiction », paru en 2013. J’avais déjà lu une autre version française de la première partie datant de 2001, par Orson Scott Card, celui même qui nous a donné "La stratégie de Ender". L’auteur reprend ici les mêmes trucs et astuces pour les écrivains de SFF, mais bonifiés avec des informations sur ce marché et les mondes du steampunk, la fantasy, la magie. Dommage qu’on n’y aborde pas autant la science-fiction, mais les conseils sont à propos et très intéressants.

C’est ainsi que je suis tombée sur une information des plus pertinentes à mon cheminement, alors je partage cette partie. Il s’agit du quotient MIPE, qui définit le type d’histoire qu’on écrit. Connaître ce paramètre permet entre autres de déterminer quand l’histoire doit commencer, et quand elle doit se terminer pour mieux équilibrer la narration. En cas de doute, il s’agit de se demander ce qui importe pour nous, dans l’histoire, et ce qui nous a procuré le plus de plaisir à écrire.

M= Milieu. C’est l’histoire où un héros part à l’aventure et découvre un monde nouveau, comme Gulliver, Le magicien d’Oz ou Herland dont j’ai déjà parlé ici. L’histoire débute lorsque le héros rencontre un monde étrange, il le découvre, et l’histoire se termine lorsqu’il quitte ce nouveau monde pour retourner chez lui, rapporter ce qu’il a trouvé ou le garder secret, c’est selon.

I= Idée. Il s'agit du modèle type des mystères et romans policiers. Une question est posée, une énigme (exemple, un meurtre), au début de l’histoire. Les protagonistes tentent de découvrir la réponse à cette question, et le livre prend fin lorsque c’est fait. Assez simple, voilà pourquoi de nombreux auteurs prennent plus de largesse avec ce style que les autres, parce que le modèle est si bien connu qu’on peut se permettre quelques variantes. Par exemple, montrer un pan de vie de la victime avant sa mort plutôt que débuter l’histoire lorsque le corps est retrouvé. Ça s’applique également aux chasses au trésor, et bien d’autres recherches mythiques et romans d’aventures.

P= Personnage. Ici, le protagoniste vivra une transformation dans son milieu de vie, sa place dans sa communauté changera. Par exemple, je pense à la série « Les chroniques de Prydain » de Loyd Alexander, qui décrit le jeune Taran, un « assistant gardien de cochon » rêveur au départ qui deviendra, grâce à sa bravoure et ses qualités héroïques, un véritable guerrier et même roi. L’histoire de personnage débute au moment où un événement ou la décision du personnage, inconsciente ou non, le poussera à entreprendre une transformation, et se termine lorsque ce nouveau statut est atteint.

E= Événement. Dans une histoire d’événement, l’équilibre établi (du monde ou de la petite vie d’un personnage) est mis en péril. L’histoire débute non pas lorsque cet équilibre est menacé, mais lorsque le protagoniste qui a le pouvoir de restaurer l’ordre entre en scène; elle s'achève lorsque un nouvel ordre (ou plus rarement, l'ancien) est établi. Songez au « Seigneur des Anneaux ». Ici, M. Card met en garde contre la tentation d’ajouter un prologue, toujours trop long et inutile, selon lui. Personne n’a envie de lire le prologue qui met en place le débalancement du monde et tout son historique, alors qu’on pourra plutôt le découvrir petit à petit par les yeux du protagoniste.  


Voilà ce qui m’a intéressée. Si je me souvenais du fameux quotient MIPE du premier ouvrage sur l’écriture de Orson Scott Card, j’ignorais encore à quel point il me serait utile, et comment l’appliquer aux débuts et fins d’histoires. Ça me donne un fichu coup de pouce et je me sens prête à redémarrer les moteurs, à plein régime!