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Blogue de Hélène Arsenault


jeudi 25 avril 2013

Écriture, mémoires d’un métier de Stephen King


Voilà ma lecture en cours, je ne l’ai pas encore terminée, mais je ne pouvais résister à l’envie de vous en parler à chaud, de peur que les idées me fuient durant la nuit!

Disons d’emblée que je n'incarne pas la grande fan de Stephen King. Je le lis pour la première fois, à mon souvenir. Probablement parce que j’ai déjà vu des films d’horreur dans mon adolescence basés sur ses romans, et que je n’avais pas envie des cauchemars qui les accompagnent. L’horreur, ça n’a jamais été mon truc. Mais j’avais beaucoup entendu parler de ce livre sur son expérience personnelle en écriture, et ça m'a convaincue de m’y mettre.

Lorsque j’ai effectué une recherche informatique à la bibliothèque, j’ai réalisé que certaines bibliothèques dans le réseau plaçaient cet ouvrage dans les « 800 » pour les œuvres sur la littérature, mais à ma bibliothèque il était classé dans les « 900 » avec les biographies. Mais branchez-vous, que diable! Bien sûr ça n’a rien de sorcier, il s'agit un peu des deux, sa biographie en première partie, suivie d’un essai sur l’art d’écrire.

La biographie de l’homme s'avère divertissante parce qu’il sait se concentrer sur les moments clés de sa vie qui ont contribué a ce qu'il devienne un écrivain. J’ai été subjuguée pendant les premières cent et quelques pages où l’auteur décrit d’une anecdote à l’autre son enfance difficile, ses petits boulots, sa rencontre avec sa femme qui a toujours cru en lui et en son talent d’écrivain. Tout cela m’a comblée, car c’est bien raconté avec beaucoup d’autodérision. Puis est venu le temps où il a décroché un premier contrat de vente pour Carrie,  et de là tout a déboulé. Par la suite, une compagnie de formats de poche achète son livre pour 400 000$, dont il recevra 50%.  Un contrat de poche, et c’est dans la poche, pour faire un jeu de mots poche. Et comment ça fonctionne au juste, ces contrats? Bref, cela représente beaucoup d’argent en peu de temps, époustouflant. Et voilà que l’écrivain était né, il pouvait enfin laisser son travail d’enseignant et réaliser certains rêves. Juste comme ça, pour ainsi dire. Ça me semble un peu facile. Oui, il a ensuite sombré dans l’alcool et les drogues, que devrais-je en penser? Pauvre petit garçon riche et célèbre? Il reste qu’il a connu le succès quasi instantané, et que c’est rare, surtout de nos jours. Certes il a sans doute du talent à revendre (je vous rappelle que je n’ai rien lu d’autre de lui), mais il y a un facteur chance là-dessous. Suis-je désabusée de penser que ça ne se passe plus comme ça aujourd’hui? Corrigez-moi si je me trompe. Ce que l’auteur ne dit pas toutefois, c’est s’il représentait l’exception à la règle, une étrangeté de la nature, un monstre pour avoir percé ainsi, ou si ça arrivait assez fréquemment pour qui possède du talent et une bonne histoire à présenter au bon moment.

La conclusion de cette première partie porte sur cette réflexion inspirante. Il avait toujours rêvé de se procurer l’un de ces gros bureaux massifs qui trônent au centre de la pièce. Il l’a obtenu, et y a passé des heures horribles (ivre ou à l’état d’épave, comme il l'affirme lui-même). Après être redevenu sobre, il s’en est débarrassé pour un plus modeste, qu’il a posé dans un coin de son espace de travail transformé en petit salon convivial. Voici son conseil :

« Mettez votre bureau dans un coin et, chaque fois que vous vous y installerez pour travailler, rappelez-vous pour quelle raison il n’est pas au milieu de la pièce. La vie n’est pas un système logistique destiné à soutenir l’art. C’est le contraire. »

Grâce à cette illustration concrète, je garderai toujours ceci à l'esprit, si j’obtiens un jour ma pièce à moi pour écrire. Sait-on jamais?

Commence ensuite l’enseignement. Je ne suis pas très avancée dans cette section, mais j’avoue que tout ce qu’il y raconte me touche directement. Je retiens en particulier deux choses : l’une, il faut lire beaucoup pour apprendre le métier – il mentionne lire 70-80 romans par an, et se dit un lecteur plutôt lent. Là je me questionne. Et moi? Je lis davantage depuis que j’écris des critiques, mais pas 70. Pas même 50. Avec mes critiques seules, je dépasse la trentaine, et ça seulement depuis septembre passé. Si les dates m'échappent, je monte facilement au-dessus de 40, mais de là à dépasser 50, je ne crois pas. Mais je bouquine de plus en plus puisque c’est redevenu une priorité dans ma vie. Vous, avez-vous une idée de combien de romans par an (j’exclus volontairement les nouvelles)? 

La deuxième chose qui a attiré mon attention, c’est qu’il affirme que l’on apprend plus encore de la mauvaise prose que de la bonne. Les livres médiocres, les gros problèmes de style, ça tombe tellement sur les nerfs qu’on se remémorera le défaut durant toutes nos sessions d'écriture, pour les éviter.

Je pense à un exemple récent. J’ai lu un roman, assez volumineux, dont l’intrigue cheminait tout de même de façon intéressante et soutenue, mais dont le style de l’auteur m’a horripilée. J’ai donc décidé de ne pas le critiquer, ce serait trop horrible. Puisqu’il s’agissait de la première publication de l’auteur, j’ai voulu donner la chance au coureur en tentant le coup à nouveau avec un deuxième tome. J’étais convaincue qu’avec un changement d’éditeur, avec l’expérience et une nouvelle direction littéraire, les tics et erreurs de style qui m’avaient fait grincer des dents la première fois appartiendraient au passé. Mais non. Dès les premières pages, j’ai retrouvé les mêmes points faibles, les mêmes formes adverbiales inutiles et lourdes utilisées à outrance, les mêmes débuts de phrases en participe présent. C’est l’abondance de ces points qui m’a contrainte à refermer le livre et à le retourner à la bibliothèque illico. Et non je ne vous dévoilerai pas de qui il s’agit, mais ce n’est pas toi, ni toi…

Bref, tout ceci pour dire que s’il m’apparaît souvent tranchant dans ses propos, je me range du côté de Stephen King lorsqu’il affirme qu’il faut lire de la bonne littérature pour s’en inspirer et s’améliorer, mais que la mauvaise aussi à ses utilités à ne pas négliger. 

Après avoir lu ce roman horrible, je me suis dit que je pouvais peut-être arriver à faire mieux, et ça m’a encouragée à continuer. Voilà, je retourne de ce pas terminer ma lecture, on s’en reparlera. 

6 commentaires:

  1. @Hélène : Stephen King a un talent incroyable de conteur : c'est pas pour rien que sa biographie t'a subjuguée! ;) Si jamais tu veux essayer certains de ces romans, je pourrai te suggérer ses titres les moins "horribles".

    Quant à la façon dont il a connu le succès, oui, ça existe encore. Le principe c'est que son roman avait connu un succès potable en première édition, alors une compagnie de format poche lui a acheté le droit de le reproduire à grande échelle en format poche. Ça se fait encore aujourd'hui (avec Pocket, genre). Pour le marché anglophone, je crois comprendre que le contrat standard dans ce cas consiste à donner une grosse somme fixe à l'écrivain et non des redevances par copie vendue. De là le 200 000$ qu'il s'est retrouvé à faire.

    Mais c'était loin d'être un succès instantané : il écrivait des nouvelles depuis des années. C'était son premier roman, oui, mais il était déjà un peu connu des milieux littéraires.

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  2. @Gen: De mémoire, le 200 000$ était pour l'achat des droits et il touchait son 8% sur chaque vente, en plus. Mais ma mémoire me joue peut-être des tours...

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  3. @M : Après relecture de mes notes sur les divers contrats américains, je crois que le 8% s'appliquait après un certain nombre de copies vendues (comme si le 200 000$ était une avance sur les ventes, quoi). Mais j'ai pas le détail de son contrat à lui. ;)

    Pour le nombre de livres lus, Hélène, moi j'en lis à peu près 50 par an et je ne fais pas ça à temps plein (loin de là).

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  4. @Gen et M: oui en effet il s'avère un excellent conteur. Pour le 200 000$, c'était sa moitié pour avoir vendu le droit en format poche. Mais il ne mentionne pas si il reçoit en plus le 8%. Et oui il écrivait des nouvelles, mais pour un premier roman, c'est un sacré succès! Bref, ça donne le goût d'en lire plus, et surtout d'écouter ses conseils.

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  5. J'ai adoré ce bouquin, c'est un incontournable! Pour ma part, j'ai eu une phase extrême de King à l'adolescence, je ne lisais que ça à une certaine époque. Donc, ça a doublé mon plaisir à lire ce livre.

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  6. @Isa: Incontournable, c'est le mot! Et comme Gen le mentionnait, il y a beaucoup de ses publications qui sont plus fantastiques qu'horreur, comme je m'en rend compte. Je l'avais catégorisé sans savoir, j'en ai bien peur.

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