Ça tombe bien, j’adore
les vestons. Je suis en fait une ancienne adepte des tailleurs-pantalons au
travail, mais depuis que j’ai quitté le monde des affaires, j’ai délaissé ce
vêtement franchement trop formel pour une travailleuse communautaire.
Longtemps, j’ai
regretté mes jolis tailleurs de couleurs neutres qui me grandissaient, m’amincissaient,
me procuraient un air confiant et en contrôle. Un air, je dis bien. Rappelons-nous
que dans les années 80, le tailleur-pantalon est devenu le symbole des femmes
de carrière, on l’appelait aussi « Power suit » en anglais. Depuis
mon enfance, il a toujours représenté pour moi le succès des femmes. Toujours, du
moins jusqu’à la semaine passée.
Donc, je magasinais
avec mon petit, tout maigrichon budget, dans une boutique aux vêtements
abordables, attrapant tous les vestons noirs que je trouvais pour les essayer.
En parcourant le magasin, un long châle bleu à frisons a attiré mon attention, je
l’ai ajouté à la pile. Une fois dans la cabine d’essayage, je désespérais de
trouver la perle rare, rejetant les unes après les autres chacune des vestes.
Épaules trop carrées, mauvaise coupe, trop de boutons, pas assez de boutons,
taille placée au mauvais endroit. Enfin j’arrive au châle tout mignon, mais n’ayant
aucun rapport avec le reste. Et ça a été comme une révélation. Ça, le châle
bleu à frisons, c’est moi, maintenant. La femme en tailleurs-pantalons appartient
au passé. Ce n’est plus moi, pas le moindrement. J’ai trouvé bien d’autres
façons de définir le succès dans ma vie, et j’en suis fière.
Oui oui, je suis
sortie avec le châle, que j’adore en fait. Il va avec tout. De plus, ma séance
de magasinage a confirmé une chose que je savais déjà, mais que je niais, à
l'effet que je déteste porter du noir, et je le fais le moins possible.
Pourquoi devrais-je suivre des conseils de style génériques, qui ne me plaisent
même pas? J’ai bien une petite robe noire dans ma garde-robe, un autre
incontournable (demandez à n’importe qui), mais je ne la porte jamais. Je
préfère de loin ma petite robe vert sarcelle, très passe-partout, mais encore
colorée. Que voulez-vous, je suis comme ça moi, colorée. Qu’on se le dise, à
part jupes et pantalons, n’essayez plus de me passer du noir générique, je
garde ça pour les enterrements.