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Blogue de Hélène Arsenault


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lundi 2 juin 2014

Bonnes nouvelles, mauvaise nouvelle

Au début du mois de mai, je vous ai laissés avec un billet peu réjouissant sur mes perspectives de terminer mon projet en cours. Contre toute attente, j’ai terminé mon projet vendredi passé! J’en suis très fière, depuis le temps que je planchais là-dessus. Sans prendre le temps de fêter ça, j’ai déjà envoyé le texte à quelques bêta-lecteurs et je me suis remise à la tâche.

Ce manuscrit, j’en avais déjà fait lire une version antérieure à mes proches, et je savais que l’attente serait difficile. C’est pourquoi j’ai commencé à travailler le soir même sur le plan d’un tout nouveau projet. C’est un truc qui me trottait en tête depuis plusieurs mois, et qui m’est inspiré d’une situation vécue au travail il y a plusieurs années. J’en ai fait une véritable histoire de épic-fantasy, du moins je l’espère, en plaçant mon ancien patron à la place du tyran (ce qu’il était), et on peut s’attendre dès les premiers chapitres à un lot de têtes coupées, représentant les mises à pied successives que j’ai vécues là-bas. Ça a l’air de rien comme ça, ou encore d’une petite revanche, mais à part ces détails très communs je reste dans la fiction. Je m’inspirerai toutefois de cette angoisse que j’ai ressentie lorsqu’on a vu, sans préavis, les premières têtes rouler, de ce sentiment ambivalent que ressentent les survivants (Dieu merci, mais pourquoi suis-je épargnée, moi?), et de la rancœur dirigée unanimement vers les hautes instances. J’ai bien hâte de m’y mettre, ce sera une vraie partie de plaisir.


Sur une autre note, j’ai reçu une nouvelle très décevante au milieu du mois de mai, à l’effet que le journal le Sans papier de la Téluq fermera définitivement ses portes virtuelles. L’équipe de communication en place va se tourner vers de nouveaux défis (encore inconnus) et ce journal qui informait les étudiants depuis quinze ans cessera d’exister. Puisque nous n’étions qu’un grand nombre de bénévoles, il n’y a pas de suite pour nous et ça m’attriste énormément. Ce journal m’a fait confiance lorsque je me lançais dans l’écriture, il m’a permis de m’exprimer sur la place publique et de grandir mon lectorat, m’a enseigné les bases du journalisme, avec dates de tombées, travail avec des correcteurs, révisions, sans oublier ces très intéressantes rencontres avec les autres collaborateurs du Sans papier deux fois par an. N’empêche, l’avenir nous réserve autre chose, j’en suis certaine. De mon côté, j’ai bien l’intention de continuer de lire ces romans québécois dont j’écrivais les critiques dans mes chroniques « Plumes d’ici », dans l’espoir de pouvoir bientôt trouver une nouvelle plateforme pour les présenter. Ce n’est qu’un au revoir. 

jeudi 6 mars 2014

Nouvelles de février d'une fille pas pressée

Ça semble officiel : je suis passée de ma résolution de l'an passé de bloguer une fois par semaine à une fois par mois... ou moins! Ce n'est pas volontaire, seulement que je n'ai pas grand-chose à dire. Dans ce temps-là, il est préférable de se taire. C'est très symptomatique chez moi des périodes où j'écris ou réécris intensément. Je plonge tellement dans mon univers que j'ai peu d'intérêt à en ressortir pour communiquer avec le monde extérieur, j'en fais le strict minimum. Mais je sens que la période d'isolement tire déjà à sa fin, puisque je recommence à lire les médias sociaux plus régulièrement.

Le mois de février est passé en trombe, et j'ai vu le mois changer sur le calendrier avec la réalisation que je n'avais rien du tout posté pour le mois le plus court de l'année. J'ai beaucoup travaillé sur mon roman, en fait j'ai tout réécrit jusqu'à la fin, avec la réécriture complète du dernier chapitre. Maintenant, il me restait à revoir ce damné début. J'ai commencé mais malheureusement, la relâche scolaire est arrivée et avec elle, oui une semaine de vacances mais l'impossibilité d'écrire dans le jour, avec mes deux enfants aux fesses. Le soir, je suis exténuée! Vivement que reviennent les journées normales, pour que je me consacre à l'écriture à temps partiel à nouveau, ça me manque. 

Sinon, la relâche se passe très bien. On flâne en pyjama une partie de la journée, on passe du temps « entre filles » on sort un peu, on joue à des jeux de société, on se fait des blagues, on essaie un maximum de recettes dans le livre G cuisiné d'Annie Brocoli : on s'amuse bien, et on relaxe. 

L'un des moments « marquants » de février a été de refaire la déco de la chambre de ma petite dernière de 5 ans. Malgré notre résolution de vendre la maison plus tard, et donc de repeindre et redécorer pour que ce soir neutre comme en homestaging, je n'ai pas voulu imposer mes choix à ma petite qui tenait à avoir des murs roses. Nous avons donc choisi deux tons de rose, un plus foncé pour une cimaise le long du mur, partageant la surface en deux : le haut est blanc et le bas est rose pâle. C'est tout à fait mignon et très « petite fille », surtout avec les autocollants de Hello Kitty qu'elle m'a demandé de lui acheter et qui font toute la différence à petit prix et ça se recolle n'importe où, ça fait plusieurs heureux dans la maison! En voici un aperçu.

Le hic, c'est qu'en peignant la cimaise, installée dans le sous-sol, à un point j'ai trimbalé la petite canne de peinture rose « pitahaya » ouverte — vous me voyez venir? — jusque dans la toute nouvelle salle d'eau du sous-sol fraîchement faite de moins d'un an, pour y récupérer mes pantoufles. C'est là que la canne m'a glissé des mains. Il y avait (et a toujours) de la peinture rose partout : sur tous les murs sans exception recouverts de papier peint, donc irrécupérables, sur la nouvelle toilette, sur le nouveau lavabo, sur la nouvelle vanité, et le plus gros sur le carrelage tout neuf, et sur moi. Disons que rose pitaya, ça jure avec le décor, et qu'il me faudra me résigner à tout refaire le papier peint avant longtemps. Mais bon, quand on regarde sous un certain éclairage, ça peut être joli... J'en ai encore dans les oncles d'orteils.

Sur ces mots, j'inclus en prime le lien à ma chronique lecture du journal Sans papier pour le début mars, dont je ne suis pas du tout certaine d'aimer le nouveau format :


À bientôt, j'espère.  




vendredi 2 août 2013

L'odyssée d'un Marin

Je m’étais promis de colliger tous les chapitres de ma nouvelle interactive, parue dans le journal Sans papier de la Téluq depuis 2011. Voilà qui est fait pour la saison 2011-2012- vous trouverez le lien plus bas et à droite de ce message, il apparaît dans les liens latéraux du blogue. Je vous rappelle le concept : 

Chaque mois, je devais produire un chapitre de nouvelle – j’ai opté pour un texte grand public vu le lectorat- puis je proposais quelques choix de suites pour le chapitre suivant, exhortant mes lecteurs à venir voter pour la suite. L’option récoltant le plus de votes serait retenue pour le chapitre suivant, aussi vous devez vous imaginer que j’étais parfois à la dernière minute à stimuler les participants à voter, avant de savoir ce que je j’écrirais. Impossible donc de prévoir la fin de l’histoire, sauf dans les très grandes lignes. Je tiens à souligner que j’ai tenu compte, dans la mesure du possible, de tous les votes, des égalités, et aussi des suggestions supplémentaires qu’on a pris la peine de me fournir, pour les inclure dans la suite de l’histoire.  

Je me suis beaucoup amusée à me creuser les méninges pour respecter mes propres règles du jeu, idem pour l’année suivante que je mettrai en ligne un peu plus tard. J’ai toutefois décidé de ne pas poursuivre cette aventure qui devenait trop exigeante. Au départ, l’idée avait germé dans ma tête parce qu’au sein du Sans papier, on a peu de réponses des lecteurs et on ne sait pas qui nous lit. J’ai donc décidé de créer un « call to action », comme on dit en marketing, et ça a bien fonctionné. J’ai été comblée de savoir ce que mes lecteurs pensaient de mes textes à mesure qu’ils les découvraient, et qu’elles étaient leurs espérances pour la suite m’a beaucoup aidée à comprendre mon travail.

Vous verrez qu’en offrant des choix aux lecteurs, je suis d’abord partie dans tous les sens pour ensuite restreindre les options, surtout vers la fin, préparant des événements-clés. Je vois ça un peu comme dans la vraie vie : il y a des moments de pure coïncidence, où tout est permis, et d’autres moments-clés qui sont prédestinés, si j’ose employer ce terme, ou plutôt qui sont mis en mouvements par tout ce qu’on a fait dans le passé, et qui sont  incontournables, peu importe comment on les appelle.

Voici donc le travail composé, d’une certaine façon, de mains multiples sur près de 10 mois. J’ai peu changé le texte, mais j’ai dû corriger les temps de verbe qui glissaient du présent au passé simple d’un mois à l’autre, embêtant! Aussi, la plateforme ne me permettait pas de publier le texte en lien pdf mais ne vous gênez pas pour le copier et le coller sur votre bureau, vous le lirez à tête reposée car il est formé de plus de 12000 mots. Un grand café serait parfait.


Bonne lecture! 


vendredi 20 juillet 2012

Un rhume de vacances, vous connaissez?

Ben oui, immanquable, je tombe en vacances hier midi mais en me levant le matin, j'avais les frissons et la nausée. J'ai eu tout le mal du monde à faire manger les enfants, prendre une longue douche chaude qui n'a pas réussit à me réchauffer, puis nous avons quitté la maison avec près d'une heure de retard. Je devais absolument me pointer au travail pour préparer mon départ, changer mon message vocal et voir à quelques urgences du jeudi matin, notre journée la plus achalandée. Personne sur qui compter, les autres ayant déjà débuté leurs vacances.

Aujourd'hui déjà ça allait un peu mieux mais le mal de gorge ne me quitte pas, et je passe la plus grande partie de ma journée à somnoler malgré la présence de ma plus petite qui n'a pas de garderie cette semaine. Fort heureusement, elle est facile à occuper et très autonome, je n'ose penser à ce que ça aurait été avec ma plus grande "maman, joue avec moi!". 

Mes les vacances ne sont pas synonymes de relâche cette année, loin de là. Je me suis embarquée dans un nouveau projet qui me tenait à coeur depuis longtemps. Moi, j'ai cette fâcheuse tendance à attendre les dates de tombées pour terminer un projet, sinon c'est constamment repoussé aux calendes grecques. Donc lorsque j'ai su que le journal Sans papier de la Teluq, pour qui j'écris des billets mensuels depuis deux ans, cherchait à remplacer une critique littéraire qui ne reviendra pas l'an prochain, j'ai proposé mes services en adoptant un angle nouveau: rapporter mes découvertes littéraires parmi les nouveaux écrivains du Québec, encore méconnus mais qu'on gagne tant à découvrir. J'en suis très excitée tout en réalisant que ce travail me demandera beaucoup plus de temps que ce que je faisais les autres années. Par contre, je n'arrivais pas à me résoudre à laisser tomber ma chronique régulière qui laisse libre cours à mon imagination. L'an passé, je m'en suis donné à coeur joie avec une nouvelle interactive dans laquelle je demandais aux lecteurs à chaque mois de voter sur la suite. J'ai adoré l'expérience, qui m'apporte de nombreuses informations sur les lecteurs et ce qu'ils désirent. Je garde donc les deux chronique avec tout le travail que ça implique. De plus, la première date de tombée arrive en plein dans mes vacances à l'extérieur, à la mi-août. Je devrais donc plancher là-dessus dès maintenant, en commençant par lire ce que j'ai l'intention de rapporter dans mes critiques. un minimum de 3-4 bouquins chaque mois. Pour l'instant, j'en ai assez sous la main pour un bout mais je demeure novice -et timide-  avec les critiques, et il faut bien que ça change! 

Alors voilà mon été déjà bien remplie, aussi je suppose avoir peu de temps pour passer faire de petits coucous de temps à autres. Donc bonnes vacances à tous!   

jeudi 22 décembre 2011

Un souvenir de Noël


Aujourd’hui je me permets de recycler un texte parût l’an passé dans ma chronique du Sans papier de la Teluq. Il s'agit d'une histoire vécue, bien personnelle et riche en émotions. J’espère que vous aimerez.


Mon histoire commence un 22 décembre, par une journée froide et ensoleillée. Enceinte de 9 mois, et devant accoucher le 23, ça faisait bien trois semaines que j’avais des contractions occasionnelles mais très espacées, m’avertissant que le petit paquet cadeau arriverait probablement sous peu. Dans la journée du 22, je sens de plus en plus de contractions mais pour de courtes périodes, puis elles s’arrêtent. Je me dis «  c’est sûrement pour aujourd’hui ». Durant un bon douze heures, je reste à l’affut, je regarde l’horloge à chaque nouvelle série de contractions, note leurs durées et espacements, etc.

Bien qu’à la deuxième grossesse, je ne savais pas à quoi m’attendre, ayant été provoquée à la première. Je ne connaissais pas les étapes de travail habituelles, et j’ai été stressée toute la journée.

Le soir venu, toujours la même chose, petites séries de contractions toujours très irrégulières- 8-6-10 minutes- puis accalmies. Mon conjoint et moi nous consultons à l’heure du dodo : « Qu’est-ce qu’on fait? » Je décide finalement de l’envoyer se coucher, au moins qu’un de nous deux soit reposé un peu, tandis que j’irais prendre un bain pour voir si ça calmerait les contractions.

Je suis dans mon bain, avec quelques contractions toujours aussi irrégulières, lorsque ça commence à devenir plus douloureux. Je téléphone à l’hôpital au centre des naissances pour leur expliquer la situation, mais on m’assure que j’ai encore du temps. Néanmoins, j’insiste pour m’y rendre, puisque je trouve que les contractions deviennent de plus en plus douloureuses.

Branle-bas de combat- il est près de minuit à ce moment. On appelle grand-papa pour qu’il vienne garder notre grande qui fait dodo à côté, et alors que mon conjoint s’habille et attrape mon sac pour l’hôpital, moi j’enfile mon manteau d’hiver et mes bottes, puis incapable de rester debout, je m’installe dans ma chaise berçante en attendant mon beau-père, qui habite à une quinzaine de minutes de chez-nous. Les contractions sont toujours aussi irrégulières, mais très douloureuses.

Enfin beau-papa arrive! Je me lève aussitôt et me dirige avec empressement vers l’escalier pour me rendre à l’auto tandis que mon conjoint donne quelques consignes à son père, mais voilà qu’une bonne contraction m’attrape et la douleur me plie en deux, m’empêchant de bouger. Je m’agrippe à mon conjoint, sur le point de tomber dans les escaliers…puis ça passe. Ouf! Il est temps de partir. Je descends les escaliers pour aller m’assoir dans l’auto. J’ai hâte d’être installée à la salle d’accouchement de l’hôpital, sous surveillance médicale, et de pouvoir utiliser le bain à remous, le ballon d’exercice et la chaise de massage pour mieux faire passer le travail. Mais il était écrit dans les astres qu’il n’en serait rien.
                           
A peine arrivée au pied des escaliers, je sens une forte poussée entre les jambes, et j’ai l’impression que le bébé est en train de sortir. Sur le coup, je me couche par terre sur le tapis d’entrée insalubre. Mon conjoint accourt en m’entendant m’écrier : « Le bébé est en train de sortir! » Il ôte mon pantalon à la vitesse de l’éclair, et regarde mon entrejambe, consterné.

—Alors? Vois-tu la tête?
—Non, on dirait la poche des eaux! 
—Ah bon?
—J’appelle le 9-1-1.

Évidemment, dans cette position plus que précaire je ne peux plus me déplacer, même si tout est très calme entre les contractions et que je ne ressens aucune douleur. Tout se passe très vite dans ma tête : vais-je accoucher ici? dans une ambulance? ou à l’hôpital? Du moins, une chance que ce soit arrivé avant que je ne sorte de la maison, car j’aurais bien pu me retrouver à quatre pattes dans la neige, à la Émilie Bordeleau, ou encore affalée sur le siège de la voiture…Mon conjoint aurait été un peu distrait au volant quand même.

Il n’y a pas grand-chose à faire en attendant les ambulanciers. Au téléphone, on me conseille de ne pas pousser, conseil que je tente tant bien que mal de suivre. Mais quand même, lorsque les contractions arrivent c’est très douloureux et j’ai peur que le bébé sorte, juste là. Mon conjoint se tient près de moi et mon beau-père ne sait plus où se placer!      

Enfin on cogne à la porte : arrivent deux policiers, l’équipe d’urgence la plus proche pour venir nous donner un coup de main. L’équipe se compose d’une policière aguerrie et d’un novice qui se faufile le plus loin de moi possible, verdâtre, regardant n’importe où sauf vers la scène d’accouchement qui se déroule sous ses yeux. La policière se poste devant moi en déplaçant mon conjoint, qui lui remonte dans les escaliers, faute d’espace. Une personne au talkie-walkie lui donne des instructions pour qu’elle me les répète, bien inutilement, car j’entends tout de là où je me trouve.

—Dis à la madame que tout va bien aller! répète une voix dans l’appareil.
—Ça va bien aller Madame! dit la policière à mon adresse.
—Dis-lui de ne pas pousser.
—OK. Madame, ne poussez pas.
—Je fais mon possible! réponds-je, les dents serrées.

Se présente ensuite un superviseur des policiers, qui repousse mon conjoint un peu plus loin, s’accaparant l’espace alors qu’il tente de se rendre plus utile que les autres, en vain. Un peu plus tard (enfin!), les ambulanciers se pointent. À ce moment je me calme un peu, les vrais secours sont là. Vous comprendrez que je n’ai rien contre les policiers, mais vu la situation, j’avais besoin d’aide expérimentée. L’un des ambulanciers remplace la policière, qui elle monte dans les escaliers et fait remonter mon conjoint de plus belle. Je ne le vois plus, et personne n’a la présence d’esprit de lui demander s’il aimerait se rapprocher. M’enfin.

Le deuxième ambulancier entre et sort pour aller chercher du matériel, puis arrive encore un autre superviseur des ambulanciers. Il y a de la voiture devant chez nous ce soir-là!  En plus, je suis affalée sur le pallier de l’entrée split (environ six pieds par quatre, ça vous donne une idée!) alors je bloque partiellement la porte qui ne peut que s’entrouvrir pour laisser passer une personne à la fois, en plus d’un courant d’air polaire à -20°C. Les ambulanciers tentent de me déplacer sur une civière pour m’emmener dans l’ambulance, mais l’espace est trop restreint pour étendre la civière avec les escaliers qui bloquent les mouvements. Disons que j’aurais pu choisir mieux comme endroit pour m’écraser de tout mon long, mais encore, ça aurait pu être pire!

Mon conjoint s’aperçoit qu’une autre voiture de police est arrivée, on discute de la procédure à suivre pour nous accompagner à l’hôpital. Enfin, l’ambulancier qui prend les choses en main suggère de me transporter à bras dans une chaise en tissu. On installe le truc sous mon postérieur, en jetant une couverture sur moi pour me garder au chaud durant le déplacement. À ce moment, j’ai une autre contraction très violente, et ils doivent me reposer. Je m’écrie : « Oh mon Dieu! Le bébé arrive! »

Mais à la fin de la contraction, je me sens encore très sereine et calme, sans douleur aucune. J’ai senti une forte poussée lors de la contraction mais c’est fini.                                                                     

—On va devoir accoucher sur place, m’annonce l’ambulancier à la fin de ma contraction.
—Oh! Mais ça va maintenant, vous savez, je disais ça comme ça, on a sûrement le temps de se déplacer.

Accoucher là dans le palier d’entrée insalubre ne faisait pas du tout mon affaire!

—Madame, les femmes ont des enfants depuis toujours, si vous pensez qu’il arrive vous devez avoir raison.
—Mouais.

Tous se mobilisent ensuite pour m’installer un peu mieux là où je me trouve, et apportent du matériel qui pourrait être utile. L’ambulancier demande à mon conjoint de faire réchauffer des serviettes dans la sécheuse pour recevoir l’enfant, et tout autour de moi on discute, on entre et on sort, j’ignore tout ce qui se passe tant je suis concentrée sur ma propre situation. Tout ce qui me préoccupe entre les contractions, c’est ma petite fille de deux ans et demi qui dormait paisiblement un peu plus tôt dans sa chambre, tout près, mais qui a dû être réveillée par les cris effrayants de sa maman en travail. Je m’inquiète de son état d’esprit, et je demande à mon conjoint comment elle va. Il me rassure, mon beau-père reste avec elle, il lui tient compagnie et lui explique ce qui se passe, lui raconte des histoires, puisqu’elle ne peut plus dormir. Je me sens mieux qu’il soit là pour elle- et elle pour lui!  

L’ambulancier profite ensuite de mes contractions pour tenter de tirer sur la poche des eaux qui n’est pas encore crevée et qui lui bloque l’accès au bébé. Il tente d’introduire ses doigts lors de mes poussées pour trouver une prise, mais ça fait très mal. Je le lui dis.

—Mais qu’est-ce que vous faites là? Ça fait mal!
—Ça va, Madame, ça va.

Bon, je n’en tirerai rien. Il me fait mal mais j’ai confiance en ses compétences, il sait ce qu’il fait. Il s'agit une espèce de complication en obstétrique, et ça rend son travail plus ardu. On appelle ça naître coiffé, comme Napoléon paraît-il.

Maintenant que nous avons décidé de demeurer sur place, je peux enfin pousser à mon aise. Durant mes contractions, l’une de mes mains s’agrippe à une marche d’escalier tandis que l’autre attrape la chose la plus proche qu’elle trouve sur son chemin. Je réalise plus tard qu’il s’agit du mollet d’un des policiers qui se tient près de ma tête. Il me regarde et me dis d’une voix nerveuse : « Ne vous gênez pas Madame, je suis là pour ça! ». Je n’arrive pas à lui dire qu’il pourrait bien laisser la place à mon conjoint, je suis trop étourdie et dépassée par les événements. Comment se fait-il que personne ne pense à faire venir mon conjoint en haut des escaliers? Il y a simplement trop d’observateurs dans la maison. Dehors aussi.

Je pousse à peine et enfin, la poche des eaux crève et la tête peut sortir. L’ambulancier me lance : « Une dernière poussée, et les épaules passent. » C’est tout ce que je voulais savoir. Je pousse une dernière fois, et le miracle de la vie se produit.


Je prends une petite pause ici, c’est trop émouvant. Rien que de m’en rappeler, j’en ai encore les larmes aux yeux.

 
OK. Me revoilà.

Elle ne pleure pas, je suis inquiète. Je suis bien consciente que les conditions sont loin d’être idéales à un accouchement, et que l’ambulancier n’a pas sous la main les instruments qu’ont les hôpitaux pour nettoyer les voies respiratoires. Il utilise une pompe pour dégager les petits nez bouchés, mais j’ai l’impression que la respiration de mon bébé est heurtée. L’ambulancier se prononce sur le test Apgar : 9 puis 10. Tout va bien pour ma petite fille toute fripée .

Maélie est née à 2h18 un 23 décembre. Mon  conjoint est apparu pour couper le cordon puis il l’a prise dans ses bras et l’a emmenée pour la présenter à sa grande sœur, toujours dans sa chambre. C’est un moment que j’avais attendu avec impatience, lorsque mes deux enfants se rencontreraient enfin, mais je l’ai manqué! Ils sont ensuite revenus pour me voir, pour que ma grande fille constate que j’allais bien avant de partir pour l’hôpital. Moment d’émotion encore…

On a ensuite pu me transporter dans l’ambulance, puis on m’a remis mon précieux petit paquet enroulé dans une serviette chaude et une couverture thermique. Nous avons fait le chemin jusqu’à l’hôpital alors que papa nous suivait en voiture. Une fois arrivés, le médecin a pu extraire mon placenta, ce dont l’ambulancier n’était pas autorisé. On a nettoyé le bébé et revérifié son Apgar, mais tout allait bien.

Notre ainée est venue nous visiter à l’hôpital le soir du 23, et le 24 en après-midi, nous sortions pour célébrer le premier Noël de Maélie à la maison, là où elle est née. Je flottais tellement sur l’adrénaline que je n’ai pas fermé l’œil durant au moins cinq jours consécutifs. Tout compte fait, tout s’est bien passé; ce fut bref mais très intense, et j’ai reçu une aide précieuse de tous les intervenants qui ont fait de leur mieux. Fait cocasse, la policière première arrivée sur les lieux est repassée par chez nous l’an passé. Elle patrouillait et voulait prendre de nos nouvelles. Elle nous a confié en passant que son collègue aux mollets de fer en avait été plutôt traumatisé!

Désormais, je ne peux penser à Noël sans y associer la naissance très spéciale de ma petite fille, qui restera dans ma mémoire comme l’un des plus beaux souvenirs de ma vie.

Joyeuses fêtes!

   

samedi 10 décembre 2011

Exercice de persévérance

Au début de la saison automne 2011, j'avais annoncé ici un nouveau projet pour mes publications au journal Sans papier de la Teluq. Alors que l'an passé, à ma première expérience, j'écrivais mois après mois un peu n'importe quoi, ce qui me passait pas la tête ou ce qui me semblait un sujet important à traiter, cette année j'ai voulu faire différent. J'ai voulu en faire un exercice de continuité, de persévérance et de professionnalisme- de fiction aussi. Mais la formule choisie relevait également de la dernière minute! Et j'aime tant la dernière minute, sauf que ce n'est pas très professionnel.

Bref, je me suis lancée et j'ai commencé une nouvelle à suite, une partie par mois de plus ou moins 1000 mots. À la fin de l'histoire les lecteurs sont invités à voter sur les suites que je leur propose, question de garder un peu le contrôle sur mon histoire. Malgré tout ça a bien failli déraper une fois ou deux, lorsque les lecteurs se sont mis à me suggérer des suites que je n'envisageais pas, et sur lesquelles d'autres ont renchéris. C'est en gros très motivant et intéressant lorsque le lectorat participe à l'aventure, et j'ai pu découvrir ainsi de nouvelles personnes de ma connaissance qui lisaient mes aventures sans toutefois m'en faire part. Plusieurs ne viennent pas voter mais m'en parle de vive voix. C'est génial bref!

La difficulté relève surtout de la dernière minute, puisque je dois attendre d'avoir quelques votes avant de prendre une décision sur la suite des histoires et parfois improviser. Pour la prochaine publication du mois de janvier, nous devions en plus devancer la date de tombée des articles pour laisser le temps aux correctrices de faire leur travail avant Noël. Donc ce mois-ci, c'était encore plus serré.

Ça ne m'empêche pas d'adorer l'expérience. Ce que j'y ai découvert entre autre c'est que l'exercice est aussi un peu dangereux: lorsqu'on fait miroiter aux lecteurs que leur opinion compte, il faut ensuite livrer la marchandise pour leur faire plaisir au risque de les décevoir. Mais c'est minime, les gens qui viennent voter s'attendent bien à ce que leur vote ne soit pas toujours retenu. Et il n'y a pas des tonnes de votes, du moins publiés en ligne! Alors j'adore mon expérience, et même si ça me demande parfois de me creuser les méninges et de perdre le contrôle de mon histoire, c'est vraiment stimulant.

Pour les curieux venez y jeter un coup d'oeil: http://benhur.teluq.ca/wordpress/sanspapier/author/harsenault/

Je publierai l'intégral sur mon blog lorsque l'histoire sera terminée je crois.

mardi 16 août 2011

Je m'amuse comme une petite folle

Ça faisait longtemps que j'avais remisé plumes et clavier mais aujourd'hui je n'avais plus le choix. C'était la date de tombée de nos textes pour le journal Sans Papier de la Teluq pour lequel je tiens une petite chronique personnelle.

L'an passé, j'ai pondu de petits textes à la dernière minute à chaque mois, me révélant peu à peu, tentant l'humour et les messages peu subtils à caractère pseudo-engagés si on veut. Pas facile et pas toujours si intéressant finalement. Mais j'avais envie de produire une nouvelle en plusieurs tomes, sans savoir si j'y arriverais. J'ai tout de même tenté l'expérience ce matin, toujours à la dernière minute vous l'aurez compris, avec un résultat dont je suis assez satisfaite.

Ma nouvelle prend la forme de 10 épisodes répartis sur autant de mois, mais là où je risque de bien m'amuser, c'est que je termine en offrant aux lecteurs des choix de suite, comme dans ces livres dont vous êtes le héros mais j'écris la suite au fur et à mesure. J'espère que la sauce va prendre, et je m'engage sérieusement à prendre en considération tous les commentaires que je recevrai, et de les laisser diriger mon récit où bon ça me mènera.

Ça pourrait être risqué mais j'y songe à peine. Si j'avais l'habitude d'écrire ces histoires selon un plan savamment élaboré, je ne dis pas, mais toujours à la dernière minute? Aucun problème en vue et je suis morte de rire. Ça met du piquant dans ma créativité. J'ai très très hâte de voir la suite.

Hélène encore tout excitée.