En février dernier, je
rattrapais mon retard dans la série Unité 9, écoutant toutes les émissions que
j’avais manquées en rafale, lorsque je suis tombée sur ce petit article du Writer’s
digest. En gros, on y discute de ces défauts qu’on prête aux personnes et
qui les rendent plus humains, plus crédibles, en équilibrant leurs qualités. Sauf
lorsque ça va trop loin. Tout personnage, bon ou méchant, qui verse dans le
très rébarbatif, devrait posséder un petit côté qui l’excuse, qui nous le rend
plus sympathique, du genre « Il tue des gens, oui mais il s'agit de meurtriers,
et regarde comment il prend soin des enfants de sa petite amie, au fond il est
plutôt héroïque! » – voir Dexter, un excellent modèle qui sied à ce
propos. Comme le protagoniste ne devrait jamais représenter un collage de
toutes les vertus imaginables, il lui faut quelques tares qui viendront lui
nuire ou le hanter, le placer en situation de conflit et rendre son histoire
plus captivante. De même, l’antagoniste a besoin de quelques qualités pour nous
le rendre plus vraisemblable. Après tout, personne n’est ni tout bon, ni tout
méchant, sauf dans les contes pour enfants peut-être, et même là.
En lisant ceci, Unité
9 en tête, le personnage de Normand Despins, ce détestable directeur de prison,
m’est venu spontanément à l’esprit. Depuis le début de la série, j’ai du mal à
le saisir. Quelqu’un peut-il vraiment se montrer toujours aussi rigide, aussi
antipathique, avec les détenus, certes, mais aussi avec tous ses employés et
collaborateurs qu’il regarde de haut? L’introduction de sa fille trisomique dans
la première saison a joué son rôle à merveille, nous nous sommes tous émus
devant ce père aimant. Avec la deuxième saison, on en apprend davantage sur son
couple, alors qu’il « congédie » sa femme en prétextant qu’ils ne
veulent pas la même chose dans la vie, sans effusion ni larmes ni émotion aucune.
La dame en question se laisse expulser de son chez-soi blanc immaculé sans trop
protester, probablement habituée à s’en remettre à ce directeur intransigeant?
Nul ne le sait. Bref, l’homme prend unilatéralement cette décision qui
affectera bien sûr la vie de cette charmante fille trisomique qui se retrouve
ballottée entre deux foyers, celui de son père et le nouveau de sa mère, dont
on n’entend pas parler. C’est secondaire. Un instant : l’est-ce vraiment?
Je n’arrive pas à gober qu’une jeune fille, trisomique ou non, dont le père
travaille beaucoup et qui passe beaucoup de temps avec sa mère depuis sa
naissance, va simplement s’adapter à cette nouvelle situation en gardant le
sourire. Je n’attends que le moment où toutes ses décisions vont exploser au
visage de Despins, mais non, rien. Je suis déçue. Personne ne peut se montrer
aussi rigide et s’en sortir indemne dans ses relations intimes, familiales et
professionnelles. Personne ne peut traiter ses collègues avant autant de mépris
et dormir tranquille. Ça n’est pas crédible. En ce sens, je m’attends très
bientôt à un retournement très négatif concernant ce personnage détestable,
sinon c’est simplement trop frustrant pour le téléspectateur qui se sent floué.
Le juste retour des
choses représente sans doute le seul élément qui pourrait contrebalancer un méchant
absolu, à la Voldemort. Si à la fin de l’histoire, il perd ou il meurt, le
lecteur en sortira satisfait. Qu’en pensez-vous?