Depuis l’automne passé,
je suis devenue adepte des prêts de livres numériques à ma bibliothèque municipale.
J’y cherche des titres récents, surtout lorsque la date de tombée de ma
chronique littéraire approche et que j’ai besoin de nouveautés à me mettre sous
la dent. Il semble que les livres numériques arrivent effectivement bien plus
tôt que les versions papier, qui elles passent par un rite obligé d’étiquetage,
de reliure et de catalogage, avant d’être posées sur la tablette pour mon bon
plaisir. Les prêts numériques ont l’avantage de la rapidité d’accès dans le
confort de mon salon, mais les choix sont indéniablement plus restreints. N’empêche,
j’y déniche souvent quelques bijoux, et j’espère qu’avec le temps la majorité
des publications, sinon la totalité, sera disponible en format numérique pour
la liseuse.
Cela dit, je suis
tombée récemment sur un livre intrigant d’une personne que je ne connais que
virtuellement et qui m’invitait à lire sa dernière publication. Déjà, la
couverture m’attirait peu, mais je m’intéresse à mes collègues écrivains et je
désirais l’encourager.
Dès les premières
pages, j’ai été désenchantée, le sujet me semblant peu original et surexploité.
J’ai persévéré.
Après deux chapitres,
je désespérais. Le roman n’est pourtant pas si mauvais en soi, l’écriture n’est
pas si mal, le sujet peut même apparaître intéressant pour qui n’en a pas une
overdose, mais dans l’ensemble, ce sont tous ces clichés qui apparaissent dès
le début du livre qui m’ont rebutée. Je me demandais si je tenais vraiment à
terminer cette lecture, lorsque je me suis rappelé les conseils de plusieurs
grands, dont Stephen King et Dany Laferrière, de mémoire. Ils recommandent de
se farcir de temps à autres des mauvais livres, des livres mal écrits, parce
que ça aussi, ça fait partie de notre éducation d’écrivain, et qu’il y a
beaucoup à tirer des mauvais livres.
En effet, en lisant ce
titre, j’ai relevé plusieurs clichés qui ne m’auraient pas sauté aux yeux s’ils
avaient été parsemés ci et là à petite dose, et desquels je n’aurais pas été à
l’abri avant qu’ils ne me repoussent de la sorte. Lire des bons livres, ça éduque,
mais ça mine parfois la confiance en soi, on peut finir par se dire qu’on n’arrivera
jamais à écrire aussi bien que cet auteur qu’on admire. Mais un mauvais livre rappelle
qu’il faut rester vigilant face à l’usage de clichés, des tournures de phrases
démodées ou ringardes, des grossières caricatures de personnages. Alors je
remercie secrètement cet auteur que je ne nommerai pas, mais j’avoue que malgré
mes bonnes intentions, je n’ai pas dépassé les cinquante pages. Meilleure
chance la prochaine fois!
En lisant Le journal en pyjama de Laferrière, je me demandais ce que pouvait bien être ce mauvais livre dont il parlait si souvent. Je me disais qu'un livre ne pouvait pas être si mauvais puisque éditeur a accepté de le publier. Même après ce billet qui l'éclaire un peu, je me dis que peut-être le mauvais livre, c'est comme la mauvais vin (quoique lui, le prix est indicatif), il n'est mauvais que pour ceux qui ont développé un certain goût et en consomme beaucoup. Peut-être.
RépondreSupprimer@Claude: Parfois on se demande comment ces livres sont arrivés sur les tablettes, mais souvent justement c'est qu'ils ne sont pas si mauvais, mais comportent certains défauts auxquels un oeil averti réagira. J'aime bien ta comparaison avec le vin.
RépondreSupprimerTrès bon billet. La lecture de mauvais livres, c'est très formateur pour les auteurs qui désirent améliorer leur plume (je fais partie de ce groupe!)
RépondreSupprimer@dugm1210: Bienvenu ici! Oui, c'est formateur lorsqu'on identifie ce qui accroche, ça reste à l'esprit.
RépondreSupprimerY a-t-il vraiment des mauvais livres ou simplement des livres avec un lectorat plus réduit, minuscule et peut-être même unique ?
RépondreSupprimer@Aragonne: Je crois que oui, ça existe, mais avant tout, le mauvais livre est celui qui embête ce lecteur-ci. En ce sens, toute lecture est formatrice. J'avoue que ceux qui écrivent tendent à voir plus rapidement tous ces défauts. Ceci dit, peut-être qu'il y a des livres avec des lectorats réduits, comme tu dis, mais selon moi ça touche davantage le sujet que la forme.
RépondreSupprimer