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Blogue de Hélène Arsenault


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lundi 4 avril 2016

Signe de vie


Maman, douce maman, donne-moi un signe de vie. Depuis trop longtemps, les conversations téléphoniques s’écourtent, deviennent vides de sens. Il me fallait te voir, constater de mes propres yeux comment tu te sortais de cette fracture de la hanche si malvenue. En route pour te voir, j’espérais que ta santé n’ait pas autant dégénéré qu’on me le disait, tout en anticipant le pire. Et quand j’ai paru devant toi, ton visage s’est éclairé, tu m’as fait le plus beau des sourires. J’étais heureuse de te retrouver, malgré la morosité ambiante. Et puis, tu t’es informée de mes enfants, chose que tu n’avais pas faite depuis longtemps. Ça m’en a dit plus long que tu pourrais le croire. Vois-tu, tu as toujours été là pour nous, même à distance. Quand j’ai quitté la maison pour l’université, tu m’écrivais, tu m’appelais toutes les semaines, tu m’envoyais de petits présents à chaque fête où nous étions séparées. Je n’ai jamais douté une seule seconde que tu pensais à moi, que j’étais aimée. Ça m’a donnée des ailes, ça m’a permis d’étudier et de vivre ma vie en toute quiétude, portée par la confiance que tu serais toujours là pour moi. Quand j’ai eu mes enfants, tu étais encore là, même si le cancer commençait à te consumer à petit feu.

           Chaque année, malgré les traitements que tu subissais, avec tous leurs effets secondaires, malgré tes maux, tes faiblesses, ton corps qui part à vau-l’eau, la concentration et la mémoire qui suivent de près, tu n’avais jamais oublié nos anniversaires. Toujours un petit mot, une gentille pensée, un cadeau par la poste, et ce jusqu’à cette dernière année. Je savais combien ces rites familiaux importaient pour toi, mais désormais, c’était trop, ton corps n’en pouvait plus de se battre, jour après jour, et ça prenait toute ton énergie. C'est pourquoi le simple fait t'informer d'eux m'a fait autant plaisir.

            Depuis que tu es tombée, si bêtement, tu peines de plus en plus à reprendre des forces, à reprendre tes esprits. Tu n’es plus chez toi, parfois désorientée, c’est une grande difficulté qui s’ajoute au reste. Mais tu es tellement forte, tellement courageuse, toi qui ne te plains jamais ! Après tout ce que tu as vécu, après chaque bataille gagnée, quand on pense qu’en 2004 déjà, on ne te donnait plus que 6 mois avant la fin, on peut dire que tu t’es battue bec et ongles, que tu auras fait un pied de nez à tous les spécialistes, à tous les pessimistes qui te condamnaient d’avance, et à mes yeux à moi, tu as déjà gagné la guerre. Car cette guerre contre le cancer, on sait très bien comment elle finira, là n’est pas la question. Cet ennemi impitoyable s’est enraciné en toi et résiste à tous les efforts pour le déloger. Non, ce qui importe, c’est la façon que tu as de regarder ton ennemi droit dans les yeux, de t’accrocher avec une résilience hors du commun qu’on ne te connaissait pas, et de te lever tous les matins pour t’obstiner à conserver chaque parcelle de ton autonomie déclinante. Pour ceci, je t’applaudis et tu as tout mon respect.

            Aussi, comprends-moi, si je tente de capter ton regard, si j’examine chacun de tes gestes à la loupe, si je m’accroche à ton sourire, à un échange de paroles banales, c’est que je cherche désespérément un signe de ta part, le moindre signe que la maladie ne m’a pas tout pris de toi.

            Le jour de mon départ, après avoir passé trop de temps dans le silence à tes côtés, ne voulant plus te forcer à faire la conversation, je t’ai dit que je devais te quitter pour retourner parmi les miens, que je ne savais pas quand je pourrai revenir, mais que je penserai à toi. Je ne m’attendais plus à une réponse, aussi ton silence ne m’a pas étonnée ni déçue. Tu réponds peu, tu ménages tes forces, ou tu es trop isolée dans un monde qui n’appartient qu’à toi, je n’en sais rien.


            J’étais presque sortie de ta chambre quand tu m’as enfin répondu : «Moi aussi, je vais penser à toi.» Je t’ai souri et, les larmes aux yeux, j’ai pu quitter Rimouski, le cœur plus serein, réconfortée par ce signe de vie inespéré.  

jeudi 6 mars 2014

Nouvelles de février d'une fille pas pressée

Ça semble officiel : je suis passée de ma résolution de l'an passé de bloguer une fois par semaine à une fois par mois... ou moins! Ce n'est pas volontaire, seulement que je n'ai pas grand-chose à dire. Dans ce temps-là, il est préférable de se taire. C'est très symptomatique chez moi des périodes où j'écris ou réécris intensément. Je plonge tellement dans mon univers que j'ai peu d'intérêt à en ressortir pour communiquer avec le monde extérieur, j'en fais le strict minimum. Mais je sens que la période d'isolement tire déjà à sa fin, puisque je recommence à lire les médias sociaux plus régulièrement.

Le mois de février est passé en trombe, et j'ai vu le mois changer sur le calendrier avec la réalisation que je n'avais rien du tout posté pour le mois le plus court de l'année. J'ai beaucoup travaillé sur mon roman, en fait j'ai tout réécrit jusqu'à la fin, avec la réécriture complète du dernier chapitre. Maintenant, il me restait à revoir ce damné début. J'ai commencé mais malheureusement, la relâche scolaire est arrivée et avec elle, oui une semaine de vacances mais l'impossibilité d'écrire dans le jour, avec mes deux enfants aux fesses. Le soir, je suis exténuée! Vivement que reviennent les journées normales, pour que je me consacre à l'écriture à temps partiel à nouveau, ça me manque. 

Sinon, la relâche se passe très bien. On flâne en pyjama une partie de la journée, on passe du temps « entre filles » on sort un peu, on joue à des jeux de société, on se fait des blagues, on essaie un maximum de recettes dans le livre G cuisiné d'Annie Brocoli : on s'amuse bien, et on relaxe. 

L'un des moments « marquants » de février a été de refaire la déco de la chambre de ma petite dernière de 5 ans. Malgré notre résolution de vendre la maison plus tard, et donc de repeindre et redécorer pour que ce soir neutre comme en homestaging, je n'ai pas voulu imposer mes choix à ma petite qui tenait à avoir des murs roses. Nous avons donc choisi deux tons de rose, un plus foncé pour une cimaise le long du mur, partageant la surface en deux : le haut est blanc et le bas est rose pâle. C'est tout à fait mignon et très « petite fille », surtout avec les autocollants de Hello Kitty qu'elle m'a demandé de lui acheter et qui font toute la différence à petit prix et ça se recolle n'importe où, ça fait plusieurs heureux dans la maison! En voici un aperçu.

Le hic, c'est qu'en peignant la cimaise, installée dans le sous-sol, à un point j'ai trimbalé la petite canne de peinture rose « pitahaya » ouverte — vous me voyez venir? — jusque dans la toute nouvelle salle d'eau du sous-sol fraîchement faite de moins d'un an, pour y récupérer mes pantoufles. C'est là que la canne m'a glissé des mains. Il y avait (et a toujours) de la peinture rose partout : sur tous les murs sans exception recouverts de papier peint, donc irrécupérables, sur la nouvelle toilette, sur le nouveau lavabo, sur la nouvelle vanité, et le plus gros sur le carrelage tout neuf, et sur moi. Disons que rose pitaya, ça jure avec le décor, et qu'il me faudra me résigner à tout refaire le papier peint avant longtemps. Mais bon, quand on regarde sous un certain éclairage, ça peut être joli... J'en ai encore dans les oncles d'orteils.

Sur ces mots, j'inclus en prime le lien à ma chronique lecture du journal Sans papier pour le début mars, dont je ne suis pas du tout certaine d'aimer le nouveau format :


À bientôt, j'espère.  




lundi 23 décembre 2013

Les éclairs au chocolat

Chaque année à Noël je prépare des éclairs au chocolat et des choux à la crème, vieille recette familiale du temps des fêtes. Je nappais les choux de chocolat un peu plus tôt, après les avoir fourrés de crème fouettée, et j’ai été envahie d’une douce nostalgie.

Je revois ma mère affairée à la même tâche, les sourcils froncés, les lèvres crispées témoignant de sa concentration à la tâche. Ses cheveux gonflés au séchoir, sa frange roulée au fer, ses yeux bleu clair ne quittant pas le plan de travail, son air farouche lorsqu’on s’approchait pour tenter d’obtenir un petit échantillon, comme le goûteur de Cléopâtre.

Il me semble que c’est ma grand-mère maternelle qui a établi cette tradition des éclairs à Noël. Brasser la pâte à choux, surtout lorsqu’on en fait 3-4 recettes à la fois, ça travaille les biceps. Avec le temps, ça devenait de plus en plus difficile pour ma grand-mère de les préparer, aussi ma mère l’aidait. Ma grand-mère est décédée à 86 ans, et nous offrait toujours ses éclairs au chocolat tous les Noëls. Bien sûr, durant les dernières années, ma mère faisait tout, grand-maman se contentait de superviser, mais on les appelait toujours les éclairs de grand-maman.

Depuis 10 ans maintenant, ma mère se bat contre un cancer. Ça lui a donné un sacré coup de vieux, comme on dit. Après l’épisode de 2005, nous avons eu droit à un répit, mais ce n’était que ça. La tumeur est revenue en force cette année. Ma mère recommence donc ses traitements de radiothérapie, de chimiothérapie, d’effets secondaires et de désagréments. J’habite loin et je regrette de ne pas être plus présente pour l’aider. Mais ce soir, lorsque je préparais mes pâtisseries comme elle me l’a montré, ce n’est pas l’image de la femme voûtée, aux cheveux clairsemés et à l’œil hagard qui me venait spontanément à l’esprit. Non, je me remémorais la maman d’autrefois, avant la maladie, celle de qui j’ai tant appris, et ça m’a fait du bien.

Les traditions ancrent en nous les plus beaux souvenirs.


Joyeuses fêtes à tous! 

vendredi 18 octobre 2013

Assez des campagnes de peur!

J’ai peur des gens qui ont peur. Affolés de tout et de rien, emprisonnés dans un carcan de craintes, ils regardent le monde derrière ce voile obscurcissant.

Et si on lui opposait l’amour? En se mettant à la place de l’autre, en le regardant avec le cœur, on a vite fait de le comprendre, de s’expliquer ses gestes, et de l’aimer pour qui il est et ce qu’il a vécu. Ainsi il devient plus facile d'amorcer un véritable dialogue, de faire valoir son point de vue.

En ce moment, je me sens entourée de campagnes de peur. On tente de me convaincre que telle infamie n’entraînera que du mal, et les tenants de l’opposition agissent exactement de la même façon, avec un discours inverse. Cessons les inepties, que diable!

À titre d’exemple, la vaccination des tout petits. Vous pensiez à autre chose, n’est-ce pas? Et vous n’avez pas totalement tort.

Un camp, la science et la médecine, tente de me convaincre du bien-fondé de cette grande percée du vingtième siècle : la vaccination. En protégeant la population, on a pu éradiquer certaines maladies infantiles, réduire beaucoup d’autres, et éviter des morts et d’importantes séquelles à long terme. Voilà un beau discours, mais la raison pour laquelle on l’entend de plus en plus, c’est que ses défenseurs craignent que la population cesse de se faire vacciner, et à ce moment on se trouve aux prises avec un sérieux problème de santé publique, comme une pandémie. Alors, rendons le message le plus effrayant possible, parce que si les gens cessent une seconde de trembler, ils risquent de minimiser l’importance du vaccin et sa protection à l'échelle de la société. Tout est une question de statistiques.

Mais les anti-vaccineux y vont d’arguments à plus petite échelle. Est-ce que ce vaccin est sécuritaire pour mon enfant, pour moi? Qu’est-ce qu’il contient? Ces produits s'avèrent-ils dangereux? Quels sont les effets secondaires qui ont été observés dans la population? Et c’est là que le bât blesse, puisqu’on a tendance à s’attarder sur chaque cas ou quelque chose à mal tourné, ou il y a eu des morts ou des effets indésirables importants, se disant que JE pourrais être le prochain, ou pire, mon enfant. Ce sont des questions et des préoccupations valides. N’empêche, la personne qui choisit de ne pas faire vacciner son enfant, dans notre société, bénéficie de la protection globale des autres. Ils crient haut et fort que les maladies causent moins de torts que les effets secondaires « rapportés » et « non rapportés » possibles des vaccins, puisque leurs enfants n’ont jamais été vraiment malades. Chance, ou opportunisme? Si tout le monde suivait leur exemple, où en serait-on? Qu'en est-il des médicaments, opérations et autres avancées médicales, si on n'avait plus confiance dans le corps médical, nous serions laissés a nous-mêmes. J’ai travaillé quelques mois en études cliniques, et je peux vous dire que je n’accorde pas ma confiance à 100 % au système médical qui, comme bien d’autres, comporte des failles. Par contre, je continue de faire confiance à mon médecin, en tant que conseiller avisé et non un maître absolu devant lequel je me prosterne, attendant ses divines instructions.

D’un côté comme de l’autre, on a peur. Peur de ce qui pourrait arriver si… Moi, j’aimerais juste qu’on me donne de vraies réponses sans tenter de me convaincre, ou de me faire peur. J’apprécie lorsqu’on me dirige vers des pistes de solution, sans me tenir par la main, ou prendre des décisions à ma place. Ainsi, l’idée que je me ferai à l’aide de documentations et de réflexion se verra solide et étoffée, basée sur mes valeurs et celles de ma famille. Chacun a le droit de décider pour lui-même. Laissons donc la peur de côté une minute, et allons au fond des choses, là où la vérité ne cherche qu’à éclore. Si avant de s’enflammer, on réfléchissait et on considérait la position adverse, il y aurait bien moins de conflits et davantage de solutions saines, ne croyez-vous pas?


Information, désinformation. Malheureusement, on ne vit pas dans une société idéale. Un jour peut-être…

vendredi 4 octobre 2013

Les paroles restent, les écrits s'envolent

La semaine passée, j’ai reçu la visite de mes parents. Mon père venait de faire un grand ménage dans mon ancienne chambre qui lui sert maintenant de bureau, et il a trouvé enfoui au fond de mon garde-robe tout un tas de paperasses qu’il m’a rapporté pour que j’en dispose à ma guise.

Parmi les enveloppes qui sentent le moisi, je retrouve plusieurs vieux bulletins scolaires, des travaux, des mentions d’excellence et autres prix académiques, des certificats et notes de cours de mes années au sein des cadets de l’armée, ainsi que mon application pour le collège militaire, en cinquième secondaire. Le plus drôle est sans contredit une autobiographie que j’ai écrite en premier secondaire, et que je n’arrive plus à retrouver dans la pile ce matin, comme si elle s’était volatilisée. J’aurais aimé en citer quelques phrases, alors vous vous en tirez à bon compte, pour cette fois.

Tandis que je feuilletais toutes ces archives inestimables, j’ai fait quelques constats (outre le fait que les bulletins ont bien changé) :
Un — Depuis le tout premier bulletin jusqu’à l’âge adulte, j’ai toujours eu de très bons résultats et d’excellents commentaires de mes professeurs qui n’avaient que de bons mots à dire sur mon travail et mon comportement.
Deux — la seule chose dont ma mère se rappelle depuis toutes ces années, c’est ce professeur de religion en secondaire deux, une sœur, qui l’avait appelée à la maison pour lui dire que j’étais impolie, que je répondais en classe, et qu’en bref j’étais plutôt mal élevée. On serait portés à croire que c’était l’adolescence, mais il n’en est rien. Selon moi, et en toute objectivité totalement subjective, je crois encore aujourd’hui que mon comportement exceptionnel durant ses classes relevait du professeur. Je n’ai jamais vraiment pifé cette sœur trop rigide, qui me mettait tout sur le dos parce que je riais chaque fois que mon voisin de classe faisait le pitre, mais lorsqu’elle se retournait, il jouait l’enfant de choeur. Au final, c’était toujours moi qui écopais, trop ricaneuse pour passer inaperçue.

Donc, en relisant mes vieux bulletins, vous excuserez mon éclat de rire en tombant sur cette note d’un de mes professeurs du primaire : « Fillette polie et délicate, toujours à son affaire. » Puis plus tard dans l’année scolaire : « Hélène est toujours intéressée! Hélène se conduit très bien. »  D’où mon troisième constat : Les écrits s'envolent, les paroles restent? Je crois qu'il est important de valoriser les bons coups des enfants et d’éviter de ressasser les moins bons moments, c’est ainsi que l’estime se bâtit ou se démolit. J’y suis particulièrement sensible, et je passe par toute une gamme d’émotions en réalisant d’où je viens, et le chemin parcouru, et qu'est-ce qui reste en mémoire après toutes ces années.  

J’en ai eu, des institutrices avec du flair. Durant ma toute première année scolaire, le professeur m’avait donné la côte « Digne de mention », soit la meilleure évaluation possible, dans les rubriques Savoir parler, lire et écrire, dépassant les attentes. Apparemment, elle avait dit à ma mère qu’elle me voyait en lettres, tandis qu’elle avait prédit à ma sœur une carrière dans les chiffres. Ma sœur allait étudier en administration pour devenir comptable, tandis que je m’obstinais avec les sciences. Ma mère n’a partagé cette information avec moi que lorsque j’ai abandonné mon doctorat après un an, et que je lui ai confié vouloir écrire. Mieux vaut tard que jamais, pourrait-on dire, mais j’ai fini par le savoir et ça m’a fait plaisir.

Tout ceci pour dire que si les enseignants possèdent une réelle influence sur nos enfants, ce sont les parents qui restent, tout au long de leur vie, ceux à qui les enfants veulent plaire, ressembler ou de qui ils souhaitent se distinguer. Je choisis d’être celle qui encouragera ses enfants à s’épanouir dans leurs propres talents et aptitudes, si cela m’est possible. Et ça signifie d'écrire toutes les occasions où j'ai été fière de mes enfants pour arriver à m'en rappeler plus tard, je le ferai avec grand plaisir. 

mercredi 21 août 2013

Dépendance affective

J’ai récemment dû faire face à une dépendance dont j’ignorais même l’existence, en étant séparée depuis plus de 5 jours de mon ami, mon complice, mon compagnon de route et confident, j’ai nommé : mon ordinateur portable! Puisque j’avais oublié le fil électrique de mon portable chez mes parents à Rimouski, j’ai dû patienter de longues journées jusqu’à ce qu’ils me le renvoient par la poste régulière- j’avais spécifié livraison express, et à payer à la réception svp, mais le message s’est perdu en route, il faut croire.

J’avais beaucoup de pain sur la planche, pourtant, mais cette séparation inopinée m’a rendue complètement impotente pour plusieurs jours, je me suis retrouvée dans l'impossibilité d’utiliser un autre outil d’écriture. C’est là que j’ai pris toute la mesure de ma dépendance à cet instrument, un outil de travail fiable, mais ô combien capricieux, que j’ai choisi à l’époque avec le plus grand soin!

Pourtant, les candidats ne manquaient pas, côté remplaçants. Mon conjoint, de retour au boulot, m’avait gracieusement offert son ordinateur de bureau durant la journée (avec mes enfants en vacances, soit dit en passant). J’y suis bien allée pour les urgences, mais juste à songer à y passer une heure à écrire sur le clavier inhabituel et inconfortable, sans mon Antidote et mon Scrivener, me désenchantait, un euphémisme oui. Je crois que je n’arriverais jamais à travailler depuis ce poste de travail de toute façon, il est installé en partie dos à la pièce, donc aux enfants qui s’amusent dans la salle familiale. Non merci. Je me suis découvert de vieux réflexes très archaïques, du genre, je n’aime pas que des gens passent derrière moi lorsque j’écris, un peu comme le tueur à gages n’aime pas s’asseoir dos à la fenêtre, une question de survie. J’ignore comment mon conjoint y arrive, mais moi, cette disposition m’incommode au plus haut point, surtout lorsque les filles se chamaillent à propos d’un jouet qui pourrait me percuter d’un moment à l’autre. Je préfère de loin la sûreté du laptop : il me permet de m’asseoir confortablement au fond de la pièce, bien calée dans un fauteuil rembourré, d’où je peux embrasser du regard tout mon environnement et prévenir les méfaits de ma progéniture. Le sentiment de contrôle pèse beaucoup dans la paix d’esprit.

J’avais aussi l’option d’utiliser ma tablette, mais celle-ci est dépourvue de clavier bien solide et tangible, donc déjà peu intéressante pour l’écriture. De plus, je n’arrivais plus à me souvenir de la plupart de mes mots de passe usuels en les tapant sur ma tablette. Ça me rappelait mes quelques années de guitare classique : à force de pratiquer, mes doigts en sont venus à connaître les notes sur l’instrument sans que j’aie à y réfléchir, rendant le processus fluide et mélodieux. Mais qu’on change l’instrument, et les doigts oublient leur position tout bêtement.


J’étais misérable, ces derniers jours, c’est difficile à expliquer. Comme si l’on m’avait amputée d’un membre essentiel, incapable de faire quoi que ce soit. Vous imaginerez ma joie et mon soulagement à nos retrouvailles, aujourd’hui même! Il me fallait partager ça avec vous, parce que je me dis que je ne dois pas être la seule bibitte à souffrir de cette terrible maladie, hein? 

jeudi 15 août 2013

Plus ça change...

Lors de mon dernier séjour à Rimouski, j’en ai profité pour faire un petit pèlerinage dans mon ancien patelin, mon lieu de naissance, soit la paroisse de Nazareth. Ça faisait des années que je n’étais pas passée par mon ancien domicile, probablement une quinzaine d’années, sans doute. Il s’en passe des choses, en ce temps.

J’habitais sur ce qu’on appelait à l’époque la rue de l’Église, et ma maison était justement située juste en face de l’église de Nazareth. J’adorais vivre à proximité de l’église. Les dimanches, on assistait (pas toujours) à la messe, on avait qu’à traverser la rue. Et puis le samedi, en été, on était aux premières loges pour observer les mariés à leur sortie, en fait on n’en avait que pour la mariée, comme toutes les petites filles. J’y ai été baptisée, y a été confirmée aussi avant de changer de paroisse. Jolie petite église très traditionnelle, toute blanche, au décor bleuté à dorures. Deux de mes cousines s’y sont mariées.

Vous imaginerez ma surprise lorsque j’y ai aperçu cette enseigne devant la bâtisse :


Eh oui, depuis 2009 l’édifice a été converti en espace de bureaux, et elle est présentement occupée par un groupe œuvrant en toxicomanie. À Rimouski, il n’y a plus guère que la grande cathédrale, dans la basse-ville, qui offre encore la messe dominicale pour les rares catholiques encore pratiquants. Du coup, celle-ci n’est pas la seule église à tomber en désuétude.

Puis j’ai remarqué qu’à la droite de la bâtisse, le presbytère de mon enfance a été converti en CPE. Ironie du sort, là où aujourd’hui se trouvent des jeux extérieurs pour enfants, il y avait dans mon enfance de magnifiques pins matures qu’on s’évertuait à tenter d’escalader jusqu’à ce que le bedeau sorte du presbytère pour nous en chasser. Comme quoi le site était prédestiné à amuser les jeunes.

La rue de l’Église à changer de nom, le numéro de porte a été décalé ce qui fait que rien de mon ancienne adresse ne subsiste, à part peut-être le code postal.

J’habitais avec ma famille dans ce logement, au deuxième étage. Ma meilleure amie du primaire vivait juste au-dessous. Nous étions inséparables, du moins jusqu’à ce qu’elle et sa famille ne déménagent au Nouveau-Brunswick. Nous n’avions que huit ans, alors la correspondance a été de courte durée et nous nous sommes perdues de vue. Lulu, tu me manques toujours!

Peu de choses demeurent de mes souvenirs juvéniles. Si vous passez par là, allez jusqu’au bout de la rue maintenant nommée Rouen, au bas de la côte, et vous verrez une enseigne de site panoramique marquant un petit sentier. Il longe en fait le cimetière derrière l’église où j’allais jouer étant petite, montant les pierres tombales comme autant de chevaux de bataille. Le sentier y était déjà mais on croyait qu’il n’appartenait qu’à nous. Je ne me souviens plus si la vue sur le fleuve et l’île St-Barnabé a changé, mais ça correspond à peu près à ce que c’était à l’époque.  


Toute cette beauté naturelle à quelques pas de chez moi, et il me semble que j’en ai si peu profité. Bref plus ça change, plus c’est méconnaissable. Mais aussi longtemps qu’il restera quelqu’un pour se souvenir, alors l’esprit de ces belles années d’insouciance demeurera comme le paysage qui les ont accompagnées. 

vendredi 5 juillet 2013

Camping, leçons de vie et règlements

Le weekend passé, nous avons profité du congé de trois jours pour camper en famille. Le parc de la Sepaq, Oka pour ne pas le nommer, se montre bien invitant et sa plage très belle et bien entretenue, mais les multiples avertissements en lien avec l’herbe à la puce m’ont laissée perplexe. Voici la coupable :

Nous avons eu tôt fait d’identifier l’herbe en question, bien qu’avec un certain degré d’incertitude, pour nous apercevoir qu’il y en avait partout, mais partout sur le terrain, et qu’il fallait se montrer particulièrement vigilants à son endroit. On nous recommandait de déambuler à l’intérieur de notre zone de campement et dans les sentiers seulement, et surtout ne pas traverser dans les sous-bois pour prendre un raccourci lors de nos déplacements.

Rassurez-vous, personne parmi les nôtres n’a vécu d’incident traumatique impliquant cette plante indésirable et une quelconque partie de leur anatomie, mais peu s’en est fallu. Avec des enfants, nous avons opté pour leur donner des consignes claires. Mais en observant les autres campeurs, je me suis fait certaines réflexions.

Devant un règlement, surtout un interdit, il y a différents types de réactions qui en disent long sur la psyché des contrevenants. La majorité ira dans le sens du règlement, même s’ils ne comprennent pas, ne sont pas d’accord, ou ne mesurent pas les implications de la désobéissance. Ils suivent docilement. Mais lorsque, malgré toutes les affiches et mises en garde, on observe des gens qui bravent l’interdit en traversant par les sous-bois avec leurs enfants, on peut se demander laquelle de ces catégories s’applique à eux :

  1. Ceux qui y foncent en toute connaissance de cause savent identifier la méchante plante en question, ils l’ont bien reconnue et ont déterminé que cet endroit offrait un passage sécuritaire. Ou encore ils se sont vêtus de pantalons et de bottes recouvrant complètement leurs jambes pour se prémunir du danger bien réel. Ici pas de problème.
  2. Les inconscients qui ignorent les affiches, directives et mises en garde prodiguées par les agents du parc. Ou ils ne savent pas lire, mais ça n’excuse pas tout. Le pire c’est que les affiches s’adressent principalement à eux!
  3.  Les rebelles, eux, s’en fichent, soit parce qu’ils souhaitent braver l’autorité et les règles qu’ils croient ne s’appliquent pas à eux (ils sont dus pour une petite surprise), ou qu’ils ne croient pas vraiment que ça sera si désagréable de se frotter contre de l’herbe à la puce et décident de l'expérimenter (voir 2e catégorie). Ou encore, tiens, ils croient en une théorie du complot de la part du gouvernement visant à les contrôler à leur insu (pour éviter qu’ils ne détruisent la flore, par exemple). Ça pourrait se valider, mais il faudrait tout de même se renseigner avant de foncer tête baissée.


Bref, certains seront mûrs pour une belle leçon de vie en peu de temps puisqu’ici, le risque associé au règlement s'envisage concrètement. Dans tous les cas, l’expérience me ramène à l’ordre et aux règlements. Personnellement, je n’aime pas suivre les règles aveuglément, j’aime comprendre pourquoi on me les impose, et pourquoi elles auraient raison d’être. Au besoin, je vais la discuter ou la négocier (comme mes enfants, tiens!) puisque le questionnement est sain et fait partie l’apprentissage. Je sais me montrer raisonnable, mais franchement, le plus souvent les règles sont appliquées à l’ensemble pour couvrir la bêtise d’une minorité, et c’est navrant. Suis-je la seule à penser à franchir le feu de circulation rouge, la nuit à trois heures du matin, après avoir fait mon arrêt complet et constaté qu’il n’y a pas âme qui vive dans les parages? Oui, mais les caméras de surveillance nous voient, alors on ne passe pas à l'action.


Je rêve d’un futur où les règles seraient réduites au strict minimum, et où l’on pourrait se fier au bon sens de chacun pour conserver l’ordre existant. Utopique, n’est-ce pas? J’en rêve tout de même, ça personne ne peut l’interdire, n’est-ce pas? 

vendredi 28 juin 2013

Chère étrangère

J’ai devant moi une étrangère. Nous nous ressemblons tant que ça m'effraie. Plus je fuis l’évidence, plus elle me rattrape. J’ai si longtemps nié les faits qu’ils ont fini par me sauter au visage, même si je ne suis pas prête pour ce rebondissement. Et j’en porte seule la faute, pour m’être enfoui la tête dans le sable.

Peu importe qu’elle m’ait mise au monde il y a plus d’une quarantaine d’années, peu importent tous les soins, toutes les attentions dont elle m’a abreuvée, peu importe le temps que nous avons passé, blotties l’une contre l’autre, en confidences, en rires, nous ne nous reconnaissons plus, trop changées l’une comme l’autre face à nos souvenirs.

Je réalise aujourd’hui que bien avant ses divagations et ses oublis, bien avant l’escalier et la visite à l’hôpital, avant la réapparition du cancer que nous savions toujours présent, mais en latence, j’avais déjà perdu la maman de mes souvenirs de jeunesse.  

Lorsqu’en 2004 le diagnostic est tombé, elle a dit qu’elle se battrait. J’ai appris par la suite que le médecin lui avait donné six mois, tout au plus, alors qu’elle soit encore parmi nous aujourd’hui relève du miracle. Elle s’est battue contre cette chose dans ses poumons, déjà à l’état métastatique dans son cerveau. Inopérables, l’un comme l’autre. Après de longues et souffrantes sessions de chimiothérapie et de radiothérapie, elle n’en pouvait plus des traitements. À ce moment elle a déclaré : « Peu m’importe la suite, qu’on me laisse tranquille! » Et fort heureusement, la maladie l’a entendue, elle s’est partiellement remise de ses traitements, de sa phlébite, de ses malaises et de ses faiblesses, mais les ombres n’étaient pas toutes disparues et elle en gardait d’importantes séquelles. Nous ne pouvions qu’espérer un répit, sinon une rémission.  

Dans ma joie d’avoir ma mère près de moi à mon mariage, ou à l’arrivée de mes enfants, j’ai refusé de voir les changements et les signes. Elle s'est toujours montrée lunatique et distraite, aussi ça ne m’embêtait pas qu’elle perde des bouts de conversations, qu’elle oublie de plus en plus de choses, parce que ce n’était que sa nature qui s’affirmait dans l’âge, me disais-je.

J’ai continué d’ignorer l’évidence, ainsi je pouvais prétendre que tout allait assez bien malgré tout, que nous étions chanceux. Mais aujourd’hui je m’avoue vaincue, j’abdique. Les métastases reviennent sans contredit en force, et les capacités mentales comme physiques de ma mère ne cessent de se détériorer, de sorte que je conserve peu d’espoir en une quelconque amélioration, au contraire.

Pour moi qui habite loin et qui n’arrive pas à faire la paix avec la femme qu’elle est devenue, c’est un nouveau deuil, trop prématuré mais tardif à la fois. La femme aimante, attentionnée et bonne vivante que j’ai connue a laissé place à quelqu’un de distant et de rigide, sous produit de la maladie et de ses souffrances. Pourquoi n’ai-je pas vu qu’elle se refermait sur elle-même par orgueil?

J’ai peur, j’ai fichtrement la trouille. Peur qu’elle ne parte sans que je n’aie réussi à accepter la personne qu’elle est devenue, les choix qu’elle a faits, ses manquements à prendre soin d’elle, de ses relations, son obstination à fumer malgré tous les risques, à se perdre dans le dévouement de sa famille jusqu’à s'oublier elle-même au final. Ma mère qui a toujours craint la maladie d’Alzheimer et la perte de ses moyens, alors que rien ne l’y prédisposait au départ. Pourquoi ses pires hantises doivent-elles la pourchasser sans pitié?

Je me surprends parfois à faire un geste, une mimique, à m’exprimer d’une façon qui me rappelle ma mère à qui je ressemble tant et à qui je ne veux absolument pas ressembler en vieillissant, et ça me semble pourtant inexorable. La génétique me rattrape, certes, mais je peux encore choisir.

J’écrivais ce billet ce matin et j’ai dû m’interrompre pour aller assister une nouvelle maman dans son allaitement. Je l’aidais à la mise au sein et après un moment à observer la dyade maman-bébé en pleine communion, je me suis dit que la vie est merveilleuse et pleine d’espoir. Malgré toutes les peurs, les peines et l’appréhension, la vie continue.


vendredi 18 janvier 2013

Mario, Martha et moi

Je viens de passer un drôle de mois. J’ai l’impression de sortir d’une caverne sombre ou j’ai hiberné durant plusieurs semaines.

Après mes derniers efforts pour terminer le Nanowrimo, j’ai pris un temps de pause de l’écriture et des médias sociaux, durant lesquels j’ai dû me mettre à la préparation des fêtes. Heureusement, nous ne recevions chez nous qu’au Jour de l’an, mais nous devions terminer nos travaux aux sous-sol avant le 1er janvier, alors ça nous a beaucoup occupés. Et bien sûr, il y avait le magasinage de dernière minute, la bouffe, le ménage. Je n’ai pas chômé.

Alors que j’étais encore occupée par tous ces préparatifs, je lisais « La vie épicée de Charlotte Lavigne », un livre de Nathalie Roy dont je pourrai vous reparler plus tard. Il tombait pile-poil juste au moment ou le sujet pouvait le mieux m’exaspérer. C’est qu’en 4e de couverture, on dit de l’auteure que Martha Stewart fait partie de son univers. En fait, l’histoire de chick lit est centrée autour de cette Charlotte, une gastronome gaffeuse qui rêve de donner le souper parfait. Elle en fait toujours trop en tentant d’éblouir ses invités, elle ment pour sauver la face lorsqu’elle n’arrive pas à répondre à ses propres exigences trop élevées, et c’est là que je décroche.

Cette Martha d’abord, rappelons-nous que c’est une vraie criminelle. Pas parce qu’elle est coupable d’un délit d’initié, non ça elle s’en est déjà acquitté avec son temps en prison. Son vrai crime, c’est de créer de faux besoins pour les hôtesses partout dans le monde qui tenteront de se plier en quatre pour éblouir et impressionner leurs hôtes, qu’ils soient famille, amis, ou parfaits inconnus ramassés sur le bord du chemin en guise de B.A. annuelle. Ça n’en finit plus, les obligations, les cadeaux d’hôtesse, la décoration, la tenue parfaite et de circonstance, l’emballage fancy, l’animation et je ne parle pas encore de la nourriture à servir. Ça m’a achevée et j’ai décidé que j’en avais assez du flafla des réceptions. J’aime ça à la bonne franquette, avec les gens que j’aime, je ne me fendrai pas en quatre pour « impressionner » mes convives, non merci. Passer une bonne soirée ensemble, c’est mon seul et unique objectif. Voilà pour la première partie de mon « intermède-hibernation ».

Le deuxième est venue le jour de Noël. Nous avions acheté le jeu de Mario Kart pour la Wii, puisque nos filles l’avaient essayé ailleurs et arrivaient à jouer sans trop de difficultés pour leurs âges, et que c’est amusant d’avoir un jeu familial dans le temps des fêtes. Nous nous sommes mis à courser avec les personnages de Mario Bros, et rapidement ça a occupé notre temps mort des fêtes. Il faut dire que mes filles avaient été malades la semaine avant Noël et que ce n’était pas encore très recommandable de sortir jouer dehors, alors nous avons joué à l’intérieur en majeure partie. Passer des journées entières en pyjama devant la télé, manger les restes de partys dans le salon, du fromage et du pain, des petites bouchées et d’excellents desserts, du vin et de la bière et du chocolat chaud, c’est ça la vie! Bref nous nous sommes bien amusés.

J’ai bien dû retourner au travail le 3 janvier, mais je me sentais complètement déconnectée de la réalité. Pas le goût d’écrire, de passer sur les médias sociaux, ni même d’ouvrir mon ordi. Nous n’avons presque pas écouté les nouvelles durant quelques semaines. Qu’est-ce que c’est relaxant!

Alors voilà, je reviens très lentement à la lumière, en sortant de ma grotte, le teint pâle et les cheveux en bataille. Parce qu’on ne peut rester en pyjama éternellement. Et puis, tôt ou tard, on en a marre de ne rien faire, et les idées d’histoires reviennent à l’assaut pour nous hanter la nuit et nous supplier de les écrire.

Bonne 2013  

mercredi 25 juillet 2012

Petit à petit...



L'an passé, lors d'une visite au centre de jardin en famille, je magasinais des fleurs pour ma plate-bande quand mes filles ont insisté pour qu'on leur achète aussi des fleurs en pot. Incapable de leur refuser, je leur ai demandé de choisir une plante facile d'entretient, puisque je n'ai jamais eu le pouce vert et que je finirais par me charger des soins. Elles ont acheté toutes deux un chrysanthème en fleur, que je me suis empressée de transplanter une fois à la maison. Puis, comme il était à prévoir, les deux plants sont morts, l'un plus rapidement que l'autre. Les filles n'arrêtaient pas d'y toucher et de vouloir les arroser, ce qui n'aidait en rien. Bref, après un moment j'ai tenté d'appliquer l'extrême onction sur ces deux spécimens végétaux, mais encore une fois, mes filles n'enregistraient pas le fait que la plante était morte, qu'elle ne reviendrait pas à la vie. Est-ce déjà mentionné que j'étais pas mal maman gâteau? J'ai donc cédé à leur caprice et gardé ces plants sur le rebord de ma fenêtre du salon tout l'hiver, en les arrosant de temps à autres, soit lorsque mes filles me voyaient faire et insistaient pour noter que j'avais "oublié" ces deux pots.

Puis, un jour de printemps, un petit miracle se produisit. Nous vîmes sortir de terre des pointes vertes, correspondant à je n'osais imaginer quoi, mais bien là tout de même, dans un seul des pots. J'ai continué à l'arroser et à l'entretenir, me demandant bien ce qui en ressortirait. Voilà, maintenant nous avons un tout nouveau  dieffenbachia  dans le salon, venu de nulle part, mais entretenu par la simple croyance aveugle de mes filles. Comme quoi même les causes perdues méritent qu'on s'y attarde à l'occasion, et peuvent occasionner de belles surprises.

samedi 30 juin 2012

Maudit NANO!


Aujourd'hui c'est la dernière journée pour se prévaloir de l'offre spéciale des gagnants du Nanowrimo de novembre passé, via CreateSpace. Ceux qui ont relevé le défi d'écrire 50 000 mots durant tout le mois de novembre passé remportaient 5 impressions gratuites de leur roman, pourvu que tout soit terminé avant le 30 juin 2012, date de tombée. Les années précédentes, c'était plutôt une seule copie, donc j'étais très heureuse cette fois d'obtenir des copies que je pourrais laisser à mes plus fidèles supporters. Je me suis aperçue cette année qu'en fait, l'an passé je n'avais que commandé l'épreuve gratuite, et je n'avais jamais été au bout du processus. Laissez-moi vous dire que la différence est minime! Mais quelle joie de recevoir une copie du livre sur lequel on a tant sué, avec notre bio et notre petite photo en quatrième de couverture, même si ça ne vient pas des éditeurs! Pour moi, ça me permet de visualiser ce que ce sera dans quelque temps, et surtout c'est plus agréable à lire pour mon entourage, pas toujours à l'aise avec le format électronique. 

Mais je me fais prendre chaque année. C'est gratuit avant le 30 juin, alors il faut que je termine pour cette date. Même si je peux obtenir une épreuve gratuite, même si le livre en question revient à environ 12-15$ US la pièce, frais de livraison compris, donc ça ne coûterait pas grand-chose de prendre quelques jours de plus pour terminer le travail. Et même si les 5 copies en question sont gratuites, mais pas la livraison, alors au final je paie environ la même chose que si j'avais acheté une copie envoyée à mon propre rythme. Mais non, je sais que si je dépasse ma date butoir, je risque de ne pas terminer, et ça me tient trop à coeur pour le risquer. Moi et les deadlines, nous avons une longue histoire d'amour ensemble.

C'est ainsi que tout le mois de mai, je terminais mon Tome I du Cercle d'Hélia, roman fantastique à saveur parapsychologique, et après l'envoi aux éditeurs je me suis jetée sur le Tome II durant tout le mois de juin, faute du nanowrimo. Alors depuis, vous devinerez que la pile de vaisselle sale augmente, les vêtements aussi, d'un côté, les propres, de l'autre, les sales, et les piles s’amoncellent si haut que sous peu, elles se joindront et là, ce ne ne sera pas jojo! C'est que mon complice dans la vie de tous les jours est un peu usé par toutes ces distractions qui me tiennent éloignées de mes responsabilités familiales, mes enfants aussi, mais au moins, aujourd'hui ça se termine- jusqu'à novembre prochain! Nous avons une entente, novembre et juin chaque année maintenant, Hélène n'est pas à la maison, et c'est la faute au maudit Nano! 

Prochain projet: Démarrer ma chronique du Sans papier de la Teluq, dont la date de tombée est à la mi-août, en plein durant mes vacances, puis possiblement une nouvelle, si j'ai le temps. Entre-temps bon été à tous. 


dimanche 13 mai 2012

La poitrine


En ce jour de la fête des mères, je trouvais tout indiqué de partager ce texte composé il y a quelques semaines, mais que je n’avais pas pris le temps de terminer. Pour vous, mère-veilleuses femmes aimantes.

J’examine des seins à longueur de semaines. En tant qu’accompagnante personnalisée en allaitement (mais qu’aviez-vous imaginé?), j’en ai vu de toutes les sortes. J’ai vu des poitrines  menues, des lourdes, des fatiguées, des fringantes, les unes pointant vers le ciel, d’autres plongeant vers les abîmes. J’en ai observé des gonflées au bord de l’explosion par une montée laiteuse toute récente, des rondes et des pointues, des augmentées artificiellement, mais pas encore une qu’on aurait réduite, les conséquences peu propices à ce qu’elles aient un jour besoin de mes services. Une autre appartenant à une danseuse exotique, et qui ne m’a pas tant impressionnée par sa splendeur que par l’élasticité de sa peau parfaite, sans vergetures et sans veines disgracieuses.

J’ai vu des mamelons larges et petits, parfois plats ou invaginés, toujours pigmentés par une grossesse récente. J’en ai vu mon lot de maltraités : des gercés, des crevassés, des picotés, blessés jusqu’au sang, des infectés d’une levure à muguet, des obstrués aussi, comme en témoignait la petite ampoule blanche caractéristique. Une femme un jour qui, ne pouvant allaiter, tint à me montrer pourquoi. Une femme sans mamelons, sa peau brûlée lors d’une guerre inconnue et lointaine.

Autant de poitrines différentes, mais toutes aussi sollicitées, dévouées à la croissance d’un petit être, ou davantage. Beaucoup de ces poitrines m’ont touchée, sans même que je n’aie besoin de les tâter. Toutes ces femmes aussi me venant en larmes et prêtes à abandonner, mais qui, quelque temps plus tard, repassaient me voir, souriantes, guéries, confiantes, et leur nourrisson, repu et en grandissant à vue d’œil. Grâce à elles, j’ai l’impression d’être utile, quelque part, pour quelques personnes.

Je souhaite à toutes les mamans une très belle fête des mères, car allaitement ou pas, elles ont toutes donné une grande part d’elles-mêmes pour le bien-être de leurs enfants, et continueront toute leur vie de maman. Je vous aime, femmes magnifiques!

mercredi 14 mars 2012

Re-relâche

Un vieux professeur d'université nous lançait chaque année à la blague qu'il y avait un "re" de trop à cette semaine. Moi j'en ajoute un, car après la semaine de relâche, je m'en dois une deuxième pour me remettre!

Certains diront: "Mais elle exagère!" avec raison, mais honnêtement je l'ai trouvée difficile à avaler. Première fois donc avec ma grande en maternelle où je devais organiser ses journées car elle n'avait pas d'école, pas de service de garde mais moi, pas de vacances!

D'abord, j'ai pris quelques jours de congé à mes frais pour visiter ma famille en région, avec mes deux petites. Après plus de 1000 km de route, trois jours de dodo sur un lit de camp trop mou (courbatures à l'appui), multiples arrêts aux puits de ravitaillement McDo et cie pour trouver un exutoire à mes deux petits monstres qui n'en pouvaient plus de rester sans bouger dans leur siège, activités coûteuses et surpeuplées car, relâche pour tous le monde, trois jours enfin à travailler en compagnie de ma grande qui ne souhaitait que jouer avec moi, j'avais bien hâte de retrouver le calme de la routine. Moi qui adore travailler à temps partiel car je sors toujours en dehors des heures de pointe, là pas d'esquive possible: j'étais cernée de toute part. Pas moyen d'aller où que se soit sans file d'attente, c'est plutôt ennuyant et irritant même.

Bref ça a été la relâche complète: relâchés les services de garde, école et garderie mais aussi mon régime Kilo cardio, mon plan d'entraînement qui allait si bien, la révision de mon roman, mes autres projets d'écriture, et j'en passe. Trop brûlée les soirs pour faire autre chose qu'écouter la télé sans réagir comme une bonne petite maman zombie, où de jouer à des jeux d'ordinateur très, très simplistes.

Alors cette semaine j'ai dû rattraper une pile de travail en retard au boulot, me remettre au régime, reprendre mes rendez-vous remis de la semaine passée donc pas encore le temps de me remettre à l'entraînement ni à l'écriture (ou à peine). C'est triste, mais l'an prochain je serai mieux préparée à cette période de l'année. Du moins, je l'espère, hum. Si j'y arrive, j'écris "Le guide de survie à la semaine de relâche scolaire pour les nuls".

jeudi 22 décembre 2011

Un souvenir de Noël


Aujourd’hui je me permets de recycler un texte parût l’an passé dans ma chronique du Sans papier de la Teluq. Il s'agit d'une histoire vécue, bien personnelle et riche en émotions. J’espère que vous aimerez.


Mon histoire commence un 22 décembre, par une journée froide et ensoleillée. Enceinte de 9 mois, et devant accoucher le 23, ça faisait bien trois semaines que j’avais des contractions occasionnelles mais très espacées, m’avertissant que le petit paquet cadeau arriverait probablement sous peu. Dans la journée du 22, je sens de plus en plus de contractions mais pour de courtes périodes, puis elles s’arrêtent. Je me dis «  c’est sûrement pour aujourd’hui ». Durant un bon douze heures, je reste à l’affut, je regarde l’horloge à chaque nouvelle série de contractions, note leurs durées et espacements, etc.

Bien qu’à la deuxième grossesse, je ne savais pas à quoi m’attendre, ayant été provoquée à la première. Je ne connaissais pas les étapes de travail habituelles, et j’ai été stressée toute la journée.

Le soir venu, toujours la même chose, petites séries de contractions toujours très irrégulières- 8-6-10 minutes- puis accalmies. Mon conjoint et moi nous consultons à l’heure du dodo : « Qu’est-ce qu’on fait? » Je décide finalement de l’envoyer se coucher, au moins qu’un de nous deux soit reposé un peu, tandis que j’irais prendre un bain pour voir si ça calmerait les contractions.

Je suis dans mon bain, avec quelques contractions toujours aussi irrégulières, lorsque ça commence à devenir plus douloureux. Je téléphone à l’hôpital au centre des naissances pour leur expliquer la situation, mais on m’assure que j’ai encore du temps. Néanmoins, j’insiste pour m’y rendre, puisque je trouve que les contractions deviennent de plus en plus douloureuses.

Branle-bas de combat- il est près de minuit à ce moment. On appelle grand-papa pour qu’il vienne garder notre grande qui fait dodo à côté, et alors que mon conjoint s’habille et attrape mon sac pour l’hôpital, moi j’enfile mon manteau d’hiver et mes bottes, puis incapable de rester debout, je m’installe dans ma chaise berçante en attendant mon beau-père, qui habite à une quinzaine de minutes de chez-nous. Les contractions sont toujours aussi irrégulières, mais très douloureuses.

Enfin beau-papa arrive! Je me lève aussitôt et me dirige avec empressement vers l’escalier pour me rendre à l’auto tandis que mon conjoint donne quelques consignes à son père, mais voilà qu’une bonne contraction m’attrape et la douleur me plie en deux, m’empêchant de bouger. Je m’agrippe à mon conjoint, sur le point de tomber dans les escaliers…puis ça passe. Ouf! Il est temps de partir. Je descends les escaliers pour aller m’assoir dans l’auto. J’ai hâte d’être installée à la salle d’accouchement de l’hôpital, sous surveillance médicale, et de pouvoir utiliser le bain à remous, le ballon d’exercice et la chaise de massage pour mieux faire passer le travail. Mais il était écrit dans les astres qu’il n’en serait rien.
                           
A peine arrivée au pied des escaliers, je sens une forte poussée entre les jambes, et j’ai l’impression que le bébé est en train de sortir. Sur le coup, je me couche par terre sur le tapis d’entrée insalubre. Mon conjoint accourt en m’entendant m’écrier : « Le bébé est en train de sortir! » Il ôte mon pantalon à la vitesse de l’éclair, et regarde mon entrejambe, consterné.

—Alors? Vois-tu la tête?
—Non, on dirait la poche des eaux! 
—Ah bon?
—J’appelle le 9-1-1.

Évidemment, dans cette position plus que précaire je ne peux plus me déplacer, même si tout est très calme entre les contractions et que je ne ressens aucune douleur. Tout se passe très vite dans ma tête : vais-je accoucher ici? dans une ambulance? ou à l’hôpital? Du moins, une chance que ce soit arrivé avant que je ne sorte de la maison, car j’aurais bien pu me retrouver à quatre pattes dans la neige, à la Émilie Bordeleau, ou encore affalée sur le siège de la voiture…Mon conjoint aurait été un peu distrait au volant quand même.

Il n’y a pas grand-chose à faire en attendant les ambulanciers. Au téléphone, on me conseille de ne pas pousser, conseil que je tente tant bien que mal de suivre. Mais quand même, lorsque les contractions arrivent c’est très douloureux et j’ai peur que le bébé sorte, juste là. Mon conjoint se tient près de moi et mon beau-père ne sait plus où se placer!      

Enfin on cogne à la porte : arrivent deux policiers, l’équipe d’urgence la plus proche pour venir nous donner un coup de main. L’équipe se compose d’une policière aguerrie et d’un novice qui se faufile le plus loin de moi possible, verdâtre, regardant n’importe où sauf vers la scène d’accouchement qui se déroule sous ses yeux. La policière se poste devant moi en déplaçant mon conjoint, qui lui remonte dans les escaliers, faute d’espace. Une personne au talkie-walkie lui donne des instructions pour qu’elle me les répète, bien inutilement, car j’entends tout de là où je me trouve.

—Dis à la madame que tout va bien aller! répète une voix dans l’appareil.
—Ça va bien aller Madame! dit la policière à mon adresse.
—Dis-lui de ne pas pousser.
—OK. Madame, ne poussez pas.
—Je fais mon possible! réponds-je, les dents serrées.

Se présente ensuite un superviseur des policiers, qui repousse mon conjoint un peu plus loin, s’accaparant l’espace alors qu’il tente de se rendre plus utile que les autres, en vain. Un peu plus tard (enfin!), les ambulanciers se pointent. À ce moment je me calme un peu, les vrais secours sont là. Vous comprendrez que je n’ai rien contre les policiers, mais vu la situation, j’avais besoin d’aide expérimentée. L’un des ambulanciers remplace la policière, qui elle monte dans les escaliers et fait remonter mon conjoint de plus belle. Je ne le vois plus, et personne n’a la présence d’esprit de lui demander s’il aimerait se rapprocher. M’enfin.

Le deuxième ambulancier entre et sort pour aller chercher du matériel, puis arrive encore un autre superviseur des ambulanciers. Il y a de la voiture devant chez nous ce soir-là!  En plus, je suis affalée sur le pallier de l’entrée split (environ six pieds par quatre, ça vous donne une idée!) alors je bloque partiellement la porte qui ne peut que s’entrouvrir pour laisser passer une personne à la fois, en plus d’un courant d’air polaire à -20°C. Les ambulanciers tentent de me déplacer sur une civière pour m’emmener dans l’ambulance, mais l’espace est trop restreint pour étendre la civière avec les escaliers qui bloquent les mouvements. Disons que j’aurais pu choisir mieux comme endroit pour m’écraser de tout mon long, mais encore, ça aurait pu être pire!

Mon conjoint s’aperçoit qu’une autre voiture de police est arrivée, on discute de la procédure à suivre pour nous accompagner à l’hôpital. Enfin, l’ambulancier qui prend les choses en main suggère de me transporter à bras dans une chaise en tissu. On installe le truc sous mon postérieur, en jetant une couverture sur moi pour me garder au chaud durant le déplacement. À ce moment, j’ai une autre contraction très violente, et ils doivent me reposer. Je m’écrie : « Oh mon Dieu! Le bébé arrive! »

Mais à la fin de la contraction, je me sens encore très sereine et calme, sans douleur aucune. J’ai senti une forte poussée lors de la contraction mais c’est fini.                                                                     

—On va devoir accoucher sur place, m’annonce l’ambulancier à la fin de ma contraction.
—Oh! Mais ça va maintenant, vous savez, je disais ça comme ça, on a sûrement le temps de se déplacer.

Accoucher là dans le palier d’entrée insalubre ne faisait pas du tout mon affaire!

—Madame, les femmes ont des enfants depuis toujours, si vous pensez qu’il arrive vous devez avoir raison.
—Mouais.

Tous se mobilisent ensuite pour m’installer un peu mieux là où je me trouve, et apportent du matériel qui pourrait être utile. L’ambulancier demande à mon conjoint de faire réchauffer des serviettes dans la sécheuse pour recevoir l’enfant, et tout autour de moi on discute, on entre et on sort, j’ignore tout ce qui se passe tant je suis concentrée sur ma propre situation. Tout ce qui me préoccupe entre les contractions, c’est ma petite fille de deux ans et demi qui dormait paisiblement un peu plus tôt dans sa chambre, tout près, mais qui a dû être réveillée par les cris effrayants de sa maman en travail. Je m’inquiète de son état d’esprit, et je demande à mon conjoint comment elle va. Il me rassure, mon beau-père reste avec elle, il lui tient compagnie et lui explique ce qui se passe, lui raconte des histoires, puisqu’elle ne peut plus dormir. Je me sens mieux qu’il soit là pour elle- et elle pour lui!  

L’ambulancier profite ensuite de mes contractions pour tenter de tirer sur la poche des eaux qui n’est pas encore crevée et qui lui bloque l’accès au bébé. Il tente d’introduire ses doigts lors de mes poussées pour trouver une prise, mais ça fait très mal. Je le lui dis.

—Mais qu’est-ce que vous faites là? Ça fait mal!
—Ça va, Madame, ça va.

Bon, je n’en tirerai rien. Il me fait mal mais j’ai confiance en ses compétences, il sait ce qu’il fait. Il s'agit une espèce de complication en obstétrique, et ça rend son travail plus ardu. On appelle ça naître coiffé, comme Napoléon paraît-il.

Maintenant que nous avons décidé de demeurer sur place, je peux enfin pousser à mon aise. Durant mes contractions, l’une de mes mains s’agrippe à une marche d’escalier tandis que l’autre attrape la chose la plus proche qu’elle trouve sur son chemin. Je réalise plus tard qu’il s’agit du mollet d’un des policiers qui se tient près de ma tête. Il me regarde et me dis d’une voix nerveuse : « Ne vous gênez pas Madame, je suis là pour ça! ». Je n’arrive pas à lui dire qu’il pourrait bien laisser la place à mon conjoint, je suis trop étourdie et dépassée par les événements. Comment se fait-il que personne ne pense à faire venir mon conjoint en haut des escaliers? Il y a simplement trop d’observateurs dans la maison. Dehors aussi.

Je pousse à peine et enfin, la poche des eaux crève et la tête peut sortir. L’ambulancier me lance : « Une dernière poussée, et les épaules passent. » C’est tout ce que je voulais savoir. Je pousse une dernière fois, et le miracle de la vie se produit.


Je prends une petite pause ici, c’est trop émouvant. Rien que de m’en rappeler, j’en ai encore les larmes aux yeux.

 
OK. Me revoilà.

Elle ne pleure pas, je suis inquiète. Je suis bien consciente que les conditions sont loin d’être idéales à un accouchement, et que l’ambulancier n’a pas sous la main les instruments qu’ont les hôpitaux pour nettoyer les voies respiratoires. Il utilise une pompe pour dégager les petits nez bouchés, mais j’ai l’impression que la respiration de mon bébé est heurtée. L’ambulancier se prononce sur le test Apgar : 9 puis 10. Tout va bien pour ma petite fille toute fripée .

Maélie est née à 2h18 un 23 décembre. Mon  conjoint est apparu pour couper le cordon puis il l’a prise dans ses bras et l’a emmenée pour la présenter à sa grande sœur, toujours dans sa chambre. C’est un moment que j’avais attendu avec impatience, lorsque mes deux enfants se rencontreraient enfin, mais je l’ai manqué! Ils sont ensuite revenus pour me voir, pour que ma grande fille constate que j’allais bien avant de partir pour l’hôpital. Moment d’émotion encore…

On a ensuite pu me transporter dans l’ambulance, puis on m’a remis mon précieux petit paquet enroulé dans une serviette chaude et une couverture thermique. Nous avons fait le chemin jusqu’à l’hôpital alors que papa nous suivait en voiture. Une fois arrivés, le médecin a pu extraire mon placenta, ce dont l’ambulancier n’était pas autorisé. On a nettoyé le bébé et revérifié son Apgar, mais tout allait bien.

Notre ainée est venue nous visiter à l’hôpital le soir du 23, et le 24 en après-midi, nous sortions pour célébrer le premier Noël de Maélie à la maison, là où elle est née. Je flottais tellement sur l’adrénaline que je n’ai pas fermé l’œil durant au moins cinq jours consécutifs. Tout compte fait, tout s’est bien passé; ce fut bref mais très intense, et j’ai reçu une aide précieuse de tous les intervenants qui ont fait de leur mieux. Fait cocasse, la policière première arrivée sur les lieux est repassée par chez nous l’an passé. Elle patrouillait et voulait prendre de nos nouvelles. Elle nous a confié en passant que son collègue aux mollets de fer en avait été plutôt traumatisé!

Désormais, je ne peux penser à Noël sans y associer la naissance très spéciale de ma petite fille, qui restera dans ma mémoire comme l’un des plus beaux souvenirs de ma vie.

Joyeuses fêtes!