Description

Blogue de Hélène Arsenault


mercredi 21 août 2013

Dépendance affective

J’ai récemment dû faire face à une dépendance dont j’ignorais même l’existence, en étant séparée depuis plus de 5 jours de mon ami, mon complice, mon compagnon de route et confident, j’ai nommé : mon ordinateur portable! Puisque j’avais oublié le fil électrique de mon portable chez mes parents à Rimouski, j’ai dû patienter de longues journées jusqu’à ce qu’ils me le renvoient par la poste régulière- j’avais spécifié livraison express, et à payer à la réception svp, mais le message s’est perdu en route, il faut croire.

J’avais beaucoup de pain sur la planche, pourtant, mais cette séparation inopinée m’a rendue complètement impotente pour plusieurs jours, je me suis retrouvée dans l'impossibilité d’utiliser un autre outil d’écriture. C’est là que j’ai pris toute la mesure de ma dépendance à cet instrument, un outil de travail fiable, mais ô combien capricieux, que j’ai choisi à l’époque avec le plus grand soin!

Pourtant, les candidats ne manquaient pas, côté remplaçants. Mon conjoint, de retour au boulot, m’avait gracieusement offert son ordinateur de bureau durant la journée (avec mes enfants en vacances, soit dit en passant). J’y suis bien allée pour les urgences, mais juste à songer à y passer une heure à écrire sur le clavier inhabituel et inconfortable, sans mon Antidote et mon Scrivener, me désenchantait, un euphémisme oui. Je crois que je n’arriverais jamais à travailler depuis ce poste de travail de toute façon, il est installé en partie dos à la pièce, donc aux enfants qui s’amusent dans la salle familiale. Non merci. Je me suis découvert de vieux réflexes très archaïques, du genre, je n’aime pas que des gens passent derrière moi lorsque j’écris, un peu comme le tueur à gages n’aime pas s’asseoir dos à la fenêtre, une question de survie. J’ignore comment mon conjoint y arrive, mais moi, cette disposition m’incommode au plus haut point, surtout lorsque les filles se chamaillent à propos d’un jouet qui pourrait me percuter d’un moment à l’autre. Je préfère de loin la sûreté du laptop : il me permet de m’asseoir confortablement au fond de la pièce, bien calée dans un fauteuil rembourré, d’où je peux embrasser du regard tout mon environnement et prévenir les méfaits de ma progéniture. Le sentiment de contrôle pèse beaucoup dans la paix d’esprit.

J’avais aussi l’option d’utiliser ma tablette, mais celle-ci est dépourvue de clavier bien solide et tangible, donc déjà peu intéressante pour l’écriture. De plus, je n’arrivais plus à me souvenir de la plupart de mes mots de passe usuels en les tapant sur ma tablette. Ça me rappelait mes quelques années de guitare classique : à force de pratiquer, mes doigts en sont venus à connaître les notes sur l’instrument sans que j’aie à y réfléchir, rendant le processus fluide et mélodieux. Mais qu’on change l’instrument, et les doigts oublient leur position tout bêtement.


J’étais misérable, ces derniers jours, c’est difficile à expliquer. Comme si l’on m’avait amputée d’un membre essentiel, incapable de faire quoi que ce soit. Vous imaginerez ma joie et mon soulagement à nos retrouvailles, aujourd’hui même! Il me fallait partager ça avec vous, parce que je me dis que je ne dois pas être la seule bibitte à souffrir de cette terrible maladie, hein? 

7 commentaires:

  1. «Et prévenir les méfaits de ma progéniture»

    Pouhahaha! Je commence à ressentir le même besoin... ;)

    RépondreSupprimer
  2. Dangereuse addictions que celles liées à l'informatique. J'y suis tombé aussi, alors pour me désintoxiquer mon bobologue a trouvé la solution. Je porte encore pour quelques mois un patch. Certes c'est un peu encombrant mais radical. J'ai donc en permanence un mini-portable scotché sur le bras gauche. Pour la plage ce n'est certes pas très pratique, mais on s'y fait. J'ai quand-même droit à un mail et un commentaire de blog par jour. Comme je suis auteur de polars, j'ai repris le stylo, c'est un nouvel appareil dont je vous reparlerai plus tard, mon temps de commentaire est term....

    RépondreSupprimer
  3. @Pat: Ouais, ça devient inévitable à un moment, hein?
    @Jeanmi: Bienvenu ici! Un patch sous-forme de mini-portable, comment n'y ai-je pas songé avant? Quelle idée de génie! En fait je ne suis pas encore prête pour cette étape, je suis parfaitement heureuse avec ma techno, mais si un jour mon entourage m'inscrit à Informatique Anonyme, je saurai déjà quoi faire.

    RépondreSupprimer
  4. Cela ne pourrait pas s’appeler I.A. (Intelligence Artificiel) Cela fait trop informatique aussi.

    RépondreSupprimer
  5. @Pat: Mais c'est moins gênant ainsi, justement. "Chéri, je pars pour ma réunion de I.A.", ça sonne pas trop mal.

    RépondreSupprimer
  6. Bonjour,
    Au moins vous savez écrire. Sous le soleil des Antilles j'ai eu plaisir à vous lire. Cela me permet d'oublier mes adictions à des mélanges à base de différentes variétés de rhum, codes, langues et langages. Finalement votr mal est assez bénin.

    RépondreSupprimer
  7. @Jean-Max: Bienvenu ici! Merci pour vos commentaires, vous insufflez ici un vent du sud des plus rafraîchissants. Revenez quand vous voulez.

    RépondreSupprimer