Nous avons eu une bonne nouvelle la semaine passée: ma belle-mère va
enfin avoir un "package" de départ de son travail après de trop
nombreuses années de bons et loyaux services. Ça faisait déjà des années
qu'elle en parlait, qu'elle n'en pouvait plus de rentrer au travail jour après
jour, à des heures parfois impossibles, et d'abattre du travail qui n'était
souvent pas le sien et qu'elle se devait bien d'effectuer, étant la seule
autour à être qualifiée pour le faire. Pour vous donner une petite idée, elle
travaille dans une succursale bancaire ouverte les dimanches...
C'est fou ce qu'on demande aux employés de nos jours. Je la trouve
courageuse, comme tous les autres qui réussissent à se lever le matin pour se
rendre à un boulot qu'ils détestent, côtoyer des collègues plus antipathiques
qu'autrement, pour rentrer le soir crevé en ne pensant qu'au weekend ou un
gentil passe-temps tranquille les fera oublier leur mauvaise semaine. Et on
remet ça avec le blues du dimanche soir.
Je me rappelle déjà qu'étant petite, je voyais mes parents partir au
travail tous les jours et je me demandais déjà comment ils y arrivaient. Le 9 à
5 n'a jamais été pour moi, il faut croire. Et pourtant j'ai bien essayé, mais
je ne comprends juste pas! Durant des années j'ai moi aussi contribué aux
statistiques des travailleurs à temps plein pour un travail que j'aimais
beaucoup au départ, mais qui m'a énormément déçue au final. Pas le travail
enfin, le reste: la direction, leurs choix et l'orientation qu'ils donnaient à
la compagnie, etc. Puis je me suis retrouvée sans emploi à la fin de mon congé
parental, parce que mon employeur américain venait d'allumer "Ah oui, elle
était sensée revenir? Mais on n'a plus besoin d'elle voyons, ça fait un an
qu'elle est partie. " Bref, j'ai cherché du boulot dans ma branche à la
vitesse grand V, j'ai trouvé quelque chose de plus ou moins convenable, je me suis lancée à mon compte comme travailleuse autonome pour ensuite redevenir
enceinte. Ça a un peu cassé mon élan, mais déjà je savais que c'était ça, la
vie: se lever à l'heure que tu veux, rester en pyjama si ça te chante,
communiquer avec tes contacts par courriels et téléphone, organiser tes
journées comme bon te semble. Il y a des bas, bien sûr. J'ignore ce que
j'aurais fait sans le support de mon conjoint, et un jour j'ai dû reprendre un
travail régulier qui me permettait de mettre du pain sur la table, mais là j'ai
choisi, pas le poste, non ça m'importe moins maintenant. J'ai choisi un employeur qui me
permettrait d'avoir un horaire flexible si j'en avais besoin, de prendre une
journée de congé lorsque mes enfants seraient malades, ou encore de les emmener
pour quelques heures, comme j'ai fait ce matin. C'est aussi un employeur que
j'aime bien, en accord avec mes valeurs et philosophie de vie, avec des
collègues et clients qui me respectent et que j'aime beaucoup. Je fais
peut-être une fraction de mon salaire d'antan, mais je suis drôlement plus
heureuse. Et je suis pleinement consciente de ma chance et que ce n'est pas donné à tous le monde.
Là-dessus, je plains toujours ma belle-mère. Durant toutes ses années à
se dévouer pour une banque très conformiste, ironiquement elle n'aura pas réussi à se mettre
de côté beaucoup d'argent, si frustrée par son quotidien qu'elle compensait en
magasinant, en dépensant tout ce qu'elle avait en babioles, en une foule de
cours d'artisanat qu'elle adore, tout cela pour trouver la joie dans sa vie, une lueur de bonheur. Elle prendra sa retraite avec plusieurs années
d'avance ce qui la pénalisera sur sa pension, mais elle n'en pouvait vraiment
plus. Alors aujourd'hui elle est heureuse des changements qui s'annoncent, mais
je ne peux m'empêcher de penser que si elle avait pu trouver un travail qui
l'avait amusée et passionnée, elle aurait pu y trouver une vie meilleure et la poursuivre encore bien des
années .
"Choisis un
travail que tu aimes, et tu n'auras pas à travailler un seul jour de ta
vie."- Conficius -
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