Vendredi soir, après
les embrassades, les retrouvailles, les mises à jour, le souper de fête de ma
mère au resto, je me suis installée à l’heure du coucher dans le véhicule
récréatif de mes parents. C’est bien plus pratique ainsi pour tout le monde, je
n’ai pas à réclamer mon ancienne chambre transformée en bureau, et mes parents
n’ont pas à tout chambarder. Je m’installe à mon aise dans le « batabago »
devant la maison, je lis une petite demi-heure puis je me couche. Mais peu de
temps après, une lueur, un clignotement me fait sursauter. Étrange. La lumière
vient d’une maison voisine. Je me colle le nez à la fenêtre et j’observe un
moment ce qui a attiré mon attention et qui m’empêche de dormir. Il s’agit en
fait du luminaire d’entrée du domicile des voisins qui clignote, au début
lentement, puis plus rapidement. À mon grand étonnement, je vois le clignement
devenir plus sporadique, s’arrêter temporairement puis reprendre. Je me demande
ce qu’ils foutent, là–dedans. Difficile à dire, il n’y a aucun autre éclairage visible,
ni au salon ni à l’étage. Y a-t-il même quelqu’un dans la maison? Une voiture est
garée devant, alors qu’ils en possèdent deux.
Le clignotement de la
lumière d’entrée se poursuit durant plusieurs minutes. Les propriétaires tentent-ils
de vérifier un problème électrique? À 23 h 30, vraiment? Je suis de
plus en plus intriguée, parce que le rythme du clignotement ne correspond à
rien qui paraisse délibéré, ou qui ressemble à un quelconque test. Du morse?
Voyons! Aussitôt je m’esclaffe de mon imagination débridée. Et pourtant… l’idée
qui me semble la moins farfelue dans tout ce qui me passe par la tête, c’est la
présence d’un poltergeist dans cette demeure! Laissez-moi vous expliquer
pourquoi.
Lorsque j’étais
adolescente, l’une de mes amies très demandée pour garder les enfants avait réclamé
mon aide pour la remplacer un soir chez un client, et j’avais été surprise d’apprendre
qu’il s’agissait de voisins. Ils avaient un petit garçon d’environ trois ou
quatre ans, je les connaissais peu, et puisque je n’étais habituellement pas
disponible pour garder les enfants, ils n’avaient jamais songé à me le demander.
J’ai acquiescé.
Durant la soirée, le bambin
s’est montré très gentil et agréable, sauf à l’heure du coucher. Lorsque j’ai dû
insister pour qu’il monte se brosser les dents et se coucher, il s’est exécuté à
contrecœur. Mais tout en grimpant l’escalier, il s’est soudainement arrêté net,
s’est retourné vers moi qui le suivant pas à pas et m’a regardé d’un air si
maléfique que j’en ai eu des frissons dans le dos. Je n’aurais jamais cru qu’un
petit enfant comme lui pouvait avoir l’air aussi diabolique. Bref, il m’a épouvantée
d'un seul regard. Lorsque j’en ai parlé à mon amie, parce que digne de mention,
elle m’a confié qu’elle aussi avait vécu là-bas deux ou trois trucs à faire
dresser les cheveux sur la tête. Une fois entre autres, parce que le jeune
garçon l’aimait bien, il avait décidé de lui montrer son trésor, lequel il
gardait précieusement caché sous son lit. Lorsqu’il a déballé ce qu’il cachait
dans un paquet de linge à vaisselle, mon amie a peiné à retenir une expression
horrifiée en le voyant manier un énorme couteau de cuisine dangereusement affûté.
Elle a préféré se désintéresser de l'objet, mettre vite le petit au lit en l’encourageant
à ranger son « trésor » à sa place, qu’elle est ensuite passée
reprendre lorsqu’il dormait à poings fermés. Hélas, je ne me rappelle plus très
bien quelle a été la réaction des parents lorsqu’elle leur a dit, mais je
soupçonne que ça ne les a pas choqués outre mesure. De fiers descendants de la
famille Adams?
J’avais en tête toutes
ces étrangetés entourant ce garçonnet et cette maison lorsque j’ai observé les
lumières clignoter. Ce n’était plus la même famille qui y vivait, mais qui sait
d’où ces comportements et manifestations provenaient? Mon esprit en quête de
sensations fortes a fait le reste.
Le lendemain, j’en ai
parlé à mon père, pour déterminer s’il avait déjà observé quelque chose du
genre chez ces voisins. Non, et nul n’arrivait à expliquer le phénomène, à part
l’évident « problème électrique ». Puis, je me suis rappelée d’un
article du Writer’s digest qui soulignait que les écrivains gagnaient à repousser leur zone de confort et
à prendre des risques pour apprendre quelque chose de nouveau, vivre le
sentiment d’exaltation de se faire attraper à un endroit qui nous est interdit ou simplement oser faire quelque chose qu'on n'aurait pas normalement fait. Voilà ma chance! J’ai donc décidé de prendre le taureau par
les cornes et de sonner à la porte suspecte dès le lendemain : « Bonjour,
je suis Hélène, la fille des voisins. Vous n’auriez pas remarqué des problèmes
étranges avec vos appareils électriques, les lumières, ou quoi que ce soit d’autre?
Des objets qui bougent de façon inexpliquée peut-être? »
Quoi, vous croyez que
je suis cinglée? Bien sûr que je n’en ai rien fait, quoique j’aie été drôlement
tentée. Si ça n’avait été du risque d'embarrasser mes parents (eh oui même à
mon âge, ça continue ces culpabilités-là), je pense que j’aurais pu m’y
résoudre. Mais au final, j’ai opté pour tester la reproductibilité des
observations. Je me suis assise à mon poste le lendemain soir, et j’ai guetté.
J’ai guetté, en regardant l’heure, de temps à autre. Puis je me suis réveillée
au grand soleil (le toit ouvrant était ouvert- oups!) avec un mal de dos
terrible.
Rien à rapporter ce
deuxième soir. Est-ce à dire qu’il n’y a rien eu? Qu’il n’existe rien d’étrange
dans cette maison on ne peut plus ordinaire? Je l’ignore, mais j’aurais
vraiment voulu que l'incident se répète et que je sois témoin de quelque chose
d’insolite. Moi je me considère comme l’agent Mulder, je VEUX croire, mais je
ne suis encore tombée sur rien qui soit digne de motiver mes croyances dans les
phénomènes paranormaux. Ce n’est pas fini, je te garde à l’œil, toi le
poltergeist de la maison de Rimouski!
Gaaah!
RépondreSupprimerJ'ai eu un frisson de terreur en lisant ton billet. Vilaine Hélène!
@Pat: Ouais, je devrais partir mon émission de télé-réalité hein?
RépondreSupprimerLolol! Pourquoi est-ce que moi j'ai pensé à un couple en train de baiser contre le mur, accrochant l'interrupteur à chaque va et vient? :p
RépondreSupprimerHahaha! Tu as plus d'imagination que moi, Hélène. Un phénomène dans le même genre s'est produit chez mon voisin, il y a quelques années et pas une seconde je n'ai envisagé le poltergeist ! :D
RépondreSupprimerEn fait, ce voisin était un spécialiste de la domotique résidentielle et sa maison servait de démo. Lorsque le système d'alarme se déclenchait, les lumières extérieures clignotaient un peu comme tu le décris. Plus que ça, chaque fois que son téléphone sonnait, les lumières de sa cuisine 'flashaient' en même temps !! La première fois, cela a drôlement attiré mon attention, ensuite je me suis habituée. C'était quand même rigolo de voir les lumières s'énerver et de me dire : tiens, le téléphone sonne chez le voisin. LOLL
@Gen: c'est là qu'on voit ce qui se passe dans nos drôles de cerveaux d'écrivains!
RépondreSupprimer@Sylvie: Ah ben! Hilarant, ton truc du téléphone-lumière! Ça c'est tout à faut plausible, sauf que ça arriverait souvent et que mon père le saurait. N'empêche, quelques minutes après les "clignotements", une voiture est arrivée avec l'homme de la maison. La femme était donc possiblement seule sur place (donc si elle baisait...). Disons qu'il y a bien des explications, alors on croit bien ce qui nous plait!