« Moi aussi j’ai
soixante-quinze ans et je suis toujours aussi vite! » Et paf, sur cette déclaration-choc
elle nous laisse tous pantois pour vaquer à ses activités, comme une Speedy
Gonzales sur l’amphétamine.
De nouveau j’observe
la nouvelle venue dans mon champ de vision : toute menue, courte,
débordante d’énergie, sautant de gauche à droite avec ses espadrilles, son
filet à cheveux ne l’avantageant pas, mais, somme toute une femme à qui on n’aurait
pas donné plus de soixante ans. Certes, son visage portait les marques du
temps, tout en rides, mais des rides d’expressions surtout, et moins profondes
que celles que je venais de détailler, sans taches brunes à l’horizon. Voilà
que je me retrouvais face à deux femmes de soixante-quinze ans dont l’une était
plus jeune que l’autre! Quel désarroi!
Je me suis mise à
réfléchir sur la conception de la vieillesse. Si j’ai compris une chose avec le
temps, c’est qu’il n’y a pas d’âge universel pour être vieux. Demander à l’homme
de quatre-vingt-dix ans, il vous dira qu’il est encore jeune comparé à l’autre
qui vient de fêter ses cent ans! Quand on se compare, on se console, me
direz-vous? Mais ce n’est pas encore ça.
Je me rappelle que
toute petite, mes amis et moi jouions aux grandes, et mon âge préféré à l’époque
c’était seize ans. Il me semblait que tout serait possible à seize ans, tout en
restant confortablement protégée dans le cocon familial. Lorsque j’ai eu seize
ans, je n’ai plus beaucoup pensé à vieillir pour un long moment. Mais à l’université,
lorsque j’ai décidé de poursuivre à la maîtrise, j’ai accepté à un point que ma
carrière prendrait son essor dans la trentaine, puisque ma vingtaine serait
consacrée à mes études. Je ne me voyais pas me marier ou avoir des enfants à ce
moment, pas moi. Lorsque j’ai eu trente ans, j’avais même l’impression d’approcher
du but, de la femme accomplie que je deviendrais. Quelques-unes de mes amies
ont déprimé, il a fallu les sortir, se saouler, dégriser dans un SPA tout un week-end.
Bref, tout étant relatif, j’avais déjà noté la divergence de perception entre
ces amies et moi sur nos âges respectifs. Pourtant je me disais : venu
quarante ans, là je vais commencer à me sentir vieille. Mais non! Ça n’a rien à
voir. Aujourd’hui j’arrive même à concevoir que peu importe l’âge physique, c’est
dans le cœur que ça se passe, et dans la tête aussi, et j’ajouterai que le cas
de la préposée à la cafétéria m’a fait réaliser que l’activité continue garde
jeune et en santé également. Alors aussi longtemps que je trouverai de quoi m’occuper,
je resterai jeune, et le physique suivra. Et puisque j’écris pour m’amuser, je
ne manquerai jamais de travail. C’est-ti pas beau la vie?
Ayant une grand-maman de 90 ans qui est dans une forme impressionnante (mais qui est limitée dans ses activités depuis quelques années parce qu'elle a beaucoup perdu d'acuité visuelle), je suis tout à fait d'accord avec toi : l'âge, c'est dans la tête.
RépondreSupprimerJe pense que le secret, c'est de ne pas ralentir plus que nécessaire. Il faut respecter son corps et ses bobos, mais sans devenir trop indulgent envers soi-même. Faut se garder en forme intellectuellement et physiquement. Comme ça peut importe jusqu'à quel âge on vivra, on en profitera à fond! :)
Ouch! Cette scène me saisit.
RépondreSupprimerQuand on agit comme un vieux...
Ouais, ben, je peux vous dire que c'est plus facile à penser qu'à réaliser. Y a pas de cause à effet, pas automatique, pas tout le temps, pas directement, pas aussi évident. Parce que c'est relatif la forme, aussi relatif que la définition de "vieux". On peut être en forme, penser l'être, on peut se penser jeune, à l'abri de la vieillesse parce que notre mère ceci et notre père cela, rien n'est écrit à l'avance.
RépondreSupprimerC'est comme le yogourt, il n'y a pas un jour où tu es passée de jeune à vieille. La vie continue, tout simplement.
Promis, je ne dirai pas que vous (toi et les personnes qui commentent) êtes jeunes, si vous ne dites pas que je suis vieille!
@Gen: En effet, se garder actif physiquement et mentalement, ça aide (jusqu'à un point, s'entend). Mais c'est l'attitude qui importe.
RépondreSupprimer@Pat: L'âge est un sujet difficile pour plusieurs, surtout si le corps ne suit pas. Mais je pensais surtout à tous ceux que je connais qui anticipaient avec horreur l'arrivée d'un certain âge, sans fondement.
@ClaudeL: Je suis bien d'accord avec toi, c'est relatif et la génétique y joue pour beaucoup-et ce n'est que les aspects physiques. Ma mère représente l'une de ces femmes, mon père l'autre. Je dois bien avoir mon mot à dire sur la suite des choses, tout n'est pas que programmation à la conception. Du moins, je choisis de le croire. Et je te trouve très jeune d'esprit!