C’est qu’on peut
apprendre tant de choses sur les gens en observant leurs habitudes
nutritionnelles. Apprendre, ou plutôt tirer des conclusions hâtives, car on n’aura
pas l’occasion de vérifier par la suite si notre constat s’avère erroné ou non.
N’empêche, c’est amusant, essayez-le pour voir.
Vendredi passé par
exemple, je patientais derrière une gentille personne qui attendait elle aussi
d’avoir accès au tapis de la caisse pour vider son panier. Mes
yeux avaient dérivé depuis mon propre panier aux étalages de barres de
chocolat, au niveau des yeux. Hum, ça serait bon hein? Résiste, Hélène,
résiste. Mieux valait regarder ailleurs.
Enfin, mon regard
tombe sur le panier devant moi qui commence à se vider. Espoir, mon temps
approche. C’est à ce moment que je me mets inconsciemment à noter ce que la
personne (encore sans visage) achète : des fruits et des légumes. Quelques
morceaux de viande, si peu. De bons jus bio. Presque pas de nourriture préemballée,
juste des produits frais ou presque. Je me dis « voilà une bonne épicerie
santé! » Je lève les yeux sur une petite dame d’un certain âge, les
cheveux blancs, la ligne svelte, mais pas chétive pour autant, et je me dis
aussitôt qu’ils sont bien assortis, son épicerie et elle. C’est évident qu’à
cet âge, elle a l’habitude de bien entretenir son corps pour paraître aussi en
santé. Elle mange sainement et ça se voit. D’ailleurs, son teint basané en ce
début de belle saison suggère un mode de vie actif, à l’extérieur. Jardinage? Longues
promenades en amoureux? Elle est seule maintenant, mais vu le volume de ses
achats, qui lui coûtent presque autant que mon propre panier, elle doit nourrir
deux adultes avec ça. Elle est trop âgée pour avoir de jeunes enfants à la
maison, et ses grands enfants, s’ils y étaient encore (des Tanguy, quoi)
feraient grimper la note de bouffe d’au moins le double. J'en déduis qu'elle habite avec son mari, et qu'ils sont sans doute très en forme l'un et l'autre, profitent du beau temps et se la coulent douce. Pourquoi pas?
Je la trouve belle. J’aimerais
bien être comme elle à son âge, et je me dis que tout ne dépend que de moi. C’est
là que j’observe mon propre panier. Règle générale, j’en suis assez fière.
Assez de fruits, un peu trop de viandes peut-être, mais c’est le temps des BBQ
et j’en profite. Mais il y a un hic. Depuis plusieurs
mois déjà, je m’approvisionne en fruits et légumes de l’initiative Bonne boîte,bonne bouffe de Moisson Montréal, qui achète en gros et offre des paniers à
faible prix à travers divers points de chute, dont mes voisins d'étage au
centre communautaire où je travaille. Ma note d’épicerie, du coup, a beaucoup chuté,
mais voilà que je commence à avoir honte de mon panier. Si un double de moi me
voyait en ce moment, un peu enveloppée et le teint pâle, il se dirait sans
doute que je manque de légumes frais et que je mange mal. Mais non! Je manque
de soleil, j’ai un petit côté vampire dont je vous parlerai sans doute une
autre fois. Et malgré les bons fruits et légumes, j’ai encore du mal à faire de
l’exercice sur une base régulière.
La morale de cette
histoire, c’est qu’il ne faut jamais tirer de conclusions hâtives basées
uniquement sur l’apparence. Mais des fois, ça stimule l’imaginaire, et ça, il
faut en profiter partout où ça passe.
Si tu espionnais mon panier... Tu conclurais que j'ai un bébé ;)
RépondreSupprimerDéfinitivement, tu as l'imaginaire qu'il faut pour écrire de la fiction. LOLL. Je ne t'apprends rien, je sais. ;)
RépondreSupprimer@Pat: oui mais quel genre de parent es-tu? héhéhé!
RépondreSupprimer@Sylvie: Et je ne vous parle pas des voix que j'entends!